Affichage des articles triés par pertinence pour la requête Ispahan J 9. Trier par date Afficher tous les articles
Affichage des articles triés par pertinence pour la requête Ispahan J 9. Trier par date Afficher tous les articles

mercredi 7 mars 2018

Les splendeurs d’Ispahan. Issa Steve Betti.

Bonne révision de moments inoubliables dans cette ville à laquelle ce blog a consacré plusieurs articles http://blog-de-guy.blogspot.fr/search?q=Ispahan+J+9
L’exposé du conférencier préparant une prochaine visite de ce joyau de l’humanité devant les amis du musée de Grenoble a commencé par un tableau d’ Antoine Coypel : Louis XIV reçoit l'Ambassadeur de Perse en 1715, dernière mise en scène brillante d’un roi en putréfaction.
Watteau avait peint  Mohammed Reza Bey, l’ambassadeur, et des personnages de sa suite qui étonnèrent la cour.
Il était envoyé par le sultan Hossein, le dernier des Séfévides ou Safavides qui régnèrent depuis le XVIe siècle sur l’Iran et au-delà sur une partie du Béloutchistan, Turkménistan, de l’Irak, de la Georgie, de l’Arménie, touchant à l’empire Ottoman et à l’Arabie heureuse (Yémen). Carte de Pieter Van der Keere 1610.
Le berceau de la dynastie fut à Ardabil où se trouve le mausolée du fondateur Cheikh Safi al-Din, un soufi. Sur la route de la soie, ces ascètes vêtus de laine avaient fait vœu de pauvreté, le mot « derviche » désignait un pauvre.
Dans le mausolée Harun Velayat datant de 1513, le prophète entouré de ses fils est représenté voilé. Les Sunnites seront fidèles à la tradition, les chiites à la famille de Mohamed. Ismail 1° se fait couronner Shah et déclare le chiisme religion d'État.
Nous sommes au XVI° siècle, Soliman le magnifique domine alors la région, mais lorsqu’il meurt, son fils Selim, l’ivrogne, n’est pas à la hauteur.
En 1598, Chah Abbās Ier a déplacé sa capitale à Ispahan  au centre de son empire pour mieux se protéger des appétits ottomans.
 La ville avait pourtant connu le massacre de 70 000 personnes par Tamerlan venu de Samarkand deux cents ans auparavant.
Le cinquième de la dynastie développe la ville autour de l’axe Chahar bagh (les quatre jardins) la première avenue du monde.
Il s’allie avec le grand Moghol souverain de l’Inde dont il reçoit l’ambassadeur un verre de vin à la main.
La rivière Zayandeh, (la rivière féconde) enjambée de ponts vieux de plus de cinq siècles traverse la ville qui se considère comme « la moitié du monde ».
La place Royale (Maydān-e Chāh), une des plus grandes du monde, devenue place de l’Iman, dessinée sur cette estampe par Pascal Coste, mesure plus de 500 m de long sur 160 m de large. Là se déroulaient des parties de polo, invention persane. Elle est bordée de boutiques à arcades où « Les miniatures représentant des oiseaux sont plus chères que des oiseaux ».
Sur les côtés, la mosquée de l'Imam, celle du Cheykh Lotfollah, dont les pishtaks, portes monumentales alvéolées ne donnent pas directement sur la salle de prière pour respecter l’orientation du mihrab (niche) en direction de la Mecque.
Quatre iwans, arcs de maçonnerie en saillie, s'ouvrent sur une cour avec bassin à ablutions et conduisent à l’une des deux madrasas (écoles).
Depuis les briques et les stucs, les mosaïques et les carreaux de céramique (1/2 million sur la mosquée de l’Imam), les bandeaux épigraphiques, les calligraphies ascensionnelles, rinceaux et pampres, arbres de vie, le bleu et les ocres clairs que l‘on retrouve sur les tapis d’Ispahan, l’architecture persane multiplie les symboles autour du paradis dont l’étymologie vient de l’avestique langue des mages Zoroastriens (jardin fermé) : on voit le reflet d’Eden dans l’eau des bassins. Le Taj Mahal a été influencé par ce style.
Le bazar immense ville dans la ville où le travail du métal était confié à des chrétiens nestoriens et le palais d’Ali Qapu témoignent de cette splendeur mise à mal par les afghans  au XVIIIe siècle.
Robert Shirley, peint par Van Dyck, partit d’Angleterre jusqu’en Perse et revint en Europe en ambassadeur d’ Abbas Ier le Grand.
Le palais Hacht-Behecht ou celui  de Chehel Sotoun, aux « quarante colonnes » en comptant leur reflet, comportent des fresques magnifiques d’une liberté inattendue.
Esther, la belle juive, dont Rembrandt peignit le festin décisif, sauva son peuple du massacre, elle est célébrée lors de la fête de Pourim. Son mausolée est à Hamadan, la ville du philosophe Avicenne. Une communauté israélite, l’une des plus importante en terre d’islam, peut pratiquer sa religion, mais les difficultés sont grandes.
Des fresques concernant « Le Jugement dernier », « La Passion » sont en évidence entre les murs de la Cathédrale Saint-Sauveur dans le quartier arménien de Jolfa.
Dans ce pays où 50 % de la population a moins de 30 ans, espérons que les ponts de la troisième ville d’Iran avec son million et demi d’habitants ne soient pas qu’une métaphore.

mercredi 10 décembre 2014

Iran 2014 # J 9. Ispahan.

Nous quittons l’hôtel après le petit déjeuner et la récupération des vêtements donnés à laver. Première étape à la poste, nous achetons des timbres pour nos cartes postales de moins en moins nombreuses à envoyer. Puis nous filons vers le grand bazar, vite freinés par l’achat d’une pierre ponce et de bracelets en cuir masculins, chaperonnés par un petit monsieur qui veut se mêler à toutes les négociations. 
Nous déambulons dans le labyrinthe des petites boutiques, assez tranquilles, parfois salués gentiment, au milieu du trafic des carrioles à vide ou surchargées poussées par des hommes. Puis nous rejoignons le bazar moderne qui nous permet d’accéder à la porte de la mosquée du vendredi.
Depuis 841 elle témoigne des évolutions de l’architecture suivant les époques « abbasside, bouyide, seldjoukide, ilkhanide, muzaffaride, timouride et safavide ». Elle se distingue des autres, car elle est en briques, sans carrelage ni mosaïque, très sobre. Elle abrite un très ancien mehrab du XIV ° siècle avec une chaire au bout d’un escalier. Elle a subi un tremblement de terre, un incendie, un bombardement pendant la guerre contre l’Irak. Une salle avec plus de 400 piliers de traviole témoigne du séisme. Les coupolettes diffèrent par leurs briques disposées de façons variées. Sur des piliers il y a des sortes de croix qui participent à l’acoustique de la salle.
Repas derrière le rideau baissé d’un restau : c’est ramadan.
Nous allons tous au café repéré hier qui délivre des expresso.
Le palais des 40 colonnes n’en comporte que 20, mais elles se reflètent dans un bassin. Comme dans le palais d’Ali Qapou des miroirs alvéolés agrémentent un plafond extérieur soutenu par ces piliers avec des têtes de lion à leur base. 
Nous nous promenons dans le parc où nous pouvons  pénétrer dans un tronc gigantesque d’un arbre mort.
A l’intérieur de magnifiques fresques représentent des scènes de guerre, des assemblées de notables avec danseurs et musiciens et en plus petit des scènes galantes aux couleurs magnifiques avec même une salle ouverte spécialement pour nous grâce à notre guide.
L’église arménienne Saint Sauveur comporte  aussi beaucoup de fresques dont un immense jugement dernier, il n’y a pas un espace laissé libre. Une barrière sépare l’espace de prêtres et celui des fidèles. Un arménien parlant français nous explique que l’immigration arménienne a été bénéfique pour l’Iran en fournissant en particulier des ingénieurs pour le pétrole.
Un petit musée sur deux étages est installé dans un bâtiment annexe  avec des manuscrits remarquables, des vêtements, des objets religieux , des instruments de musique, mais surtout un cheveu où l'on peut voir sous microscope, une phrase entière écrite avec une pointe de diamant.
En mangeant une glace au safran nous longeons la rivière Zayanderoud, à sec à cause d’un barrage en amont. Le pont Si-o-se Pol à deux étages compte  trente trois arches, il est le rendez vous des amoureux. Deux footballeurs nous sollicitent pour correspondre avec des clubs français. Nous revenons à l’hôtel en passant par un ancien caravansérail occupé par  le luxueux hôtel Abbasi.
Nous accédons par minibus à un restau en terrasse qui domine la ville, où il fait bon : c’était une surprise. A la sortie échange de photographies avec des dames en noir et humour universel : un gendre veut nous refiler sa belle mère. Les ponts magnifiques au dessus du fleuve à sec sont éclairés,  nous imaginons Lyon sans le Rhône.   
D'après les carnets de voyage de Michèle Chassigneux.