lundi 8 mai 2017

Emily Dickinson: A Quiet Passion.Terence Davies.

Je pensais échapper aux tumultes de l’époque en allant voir un film en costumes qui évoque la vie d’une poétesse américaine du XIX°. Mais les rigueurs religieuses et l’aliénation des femmes qui s’en suit, ramènent sous d’autres étiquettes à notre XXI°.
Les lumières sont magnifiques et chaque plan est un tableau, ce qui ne contribue pas à insuffler de la vie dont il est pourtant beaucoup question dans de sentencieuses formules et dans des dialogues guindés, alors que celle-ci n’a pas pénétré franchement ces intérieurs photogéniques.
La jeune fille s’oppose à l’institution religieuse avec force dans une entrée en matière vigoureuse. 
La famille où elle revient a beau être bienveillante et tolérante, son franc parler bien ciselé reste assez compassé et le sacrifice de sa vie à la littérature manque de flamme. 
Ces deux heures peuvent se résumer à : histoire d’une vieille fille qui échappe à l’enfermement dans les rites de la foi pour s'enfermer corps et âme entre les quatre murs de sa chambre.
« On ne sait jamais qu'on part - quand on part -
On plaisante, on ferme la porte
Le destin qui suit derrière nous la verrouille
Et jamais plus on n'aborde. »     
Neurasthéniques s’abstenir.
...................
 Ouf!

dimanche 7 mai 2017

Ludwig, un roi sur la lune. Madeleine Loarn.

Louis II de Bavière devenu fou après avoir dû abandonner le pouvoir, est mort tragiquement en 1886. Frédéric Voissier, docteur en philosophie politique, reprend des extraits du journal intime de celui qui a inspiré les romantiques allemands pour le faire jouer par des handicapés mentaux avec lesquels Madeleine Louarn travaille en Bretagne depuis des années.
Pendant une heure trente, nous nous raccrochons à des références culturelles pour baliser la frontière mouvante qui sépare raison et folie. Quand le jeune Ludwig danse avec un gros ballon  comme si c’était la lune de Nemo, cette scène peut évoquer aussi les jeux de pouvoir comme Chaplin dans « Le dictateur ». Nous pouvons voir aussi des tableaux de Goya ou des images d’ « Orange mécanique », et inévitablement penser à l’art brut qui retrouve souvent nos désirs enfouis d’abandon d’un monde raisonnable.
Quand je prenais connaissance des documents qui évoquaient cette pièce, je ne pouvais m’empêcher de repenser au débat de l’entre deux tours que je ne qualifierai pas de présidentiel, car l’une s’en montra bien indigne. Par contre comme il est question de pouvoir et de folie : des rapports à la vérité si délirants, une telle violence ne pouvaient que résonner avec la proposition de ce soir à la MC 2. Le romantisme n’a pas toujours les cheveux dans le vent, il peut mûrir dans de noires forêts.
Les aspects biographiques du mécène de Wagner, homosexuel contrarié, bâtisseur de châteaux en Bavière, suivent un fil poétique aux belles images, jusqu’à un cygne noir de manège où prend place le roi devenu vieux avec son épée de bois « partant comme un prince », pathétique, à la façon de Pascal Légitimus dans un sketch des Inconnus, en plus sombre mais aussi dérisoire.
Le travail maîtrisé avec les comédiens fragiles est magnifiquement accompagné par la musique de Rodolphe Burger qui a travaillé  faut dire avec Bashung et Higelin. La combinaison de théâtre, danse, musique est fluide. Le dispositif scénique avec des gradins en vis-à-vis ajoute à la perception de l’intensité du jeu des acteurs.
«  Il faut s’aventurer sur les glaciers. Plonger dans la terreur. »

samedi 6 mai 2017

XXI. Printemps 2017.

Le dossier principal (50 pages sur 200) concernant la Turquie s’intitule « Le mystère turc » qui  ne semble plus guère épais, tant le sujet est traité, ne serait ce que par le frère semestriel en photos : 6 mois, du présent trimestriel de référence.
http://blog-de-guy.blogspot.fr/2017/04/6-mois-printemps-ete-2017.html
Mais la rencontre d’Emmanuel Carrère avec des partisans d’Erdogan est intéressante,
et la vie d’une religieuse syriaque gardant une église dont tous les fidèles ont fui est pathétique. 
Une marieuse dont le commerce s’exerce parmi les réfugiées syriennes achetées pour des maris polygames veufs ou célibataires a beau avoir un téléphone portable, c‘est bien d’esclavage dont il est question.
Le récit photographique concernant un orchestre classique, « El camino », qui recrute dans les quartiers difficiles de Pau est vivant, positif.
Il faut bien cette pause salutaire avant le récit du périple d'un « bateau sans nom » auprès des acteurs du sauvetage et des survivants d’un choc entre une « bétaillère des mers » partie de Libye et un porte conteneurs venu à sa rencontre.
Les restrictions aux libertés à Singapour visant un meilleur des mondes et remettant en cause les possibilités d’avoir des enfants en paraissent  bien relatives.
Le vieillissement des détenus (12% de la population carcérale) constitue un reportage utile qui met le doigt sur l’absurdité de certaines situations. Par la richesse de l'écriture des portraits de détenus  sont émouvants comme celui d’une directrice de prison dynamique, je dirai atypique, mais je suis alors dans les schémas : une humaniste en baskets rouges.
Martin Winckler, l’écrivain de « La maladie de Sachs » en est un autre d’humaniste. L’entretien avec lui, prend son temps comme chaque reportage - c’est ce qu’il y a de précieux dans cette publication – aborde des débats concernant la médecine et tout citoyen : la douleur, les IVG, les labos...
L’histoire d’un faussaire en vin rattrapé par un vigneron bourguignon se lit comme un polar et la loi du dénommé Bang, un escroc sanguinaire, en Amazonie comme un thriller incroyable.
La BD de Tronchet familier de la revue relatant son séjour dans l’île des Nattes au large de Madagascar explore la question : « Combien de temps un occidental urbain du XXI° siècle peut-il survivre sans smartphone, sans Internet et même sans électricité ? »  Nous faisons un tour du côté de nos fantasmes de paradis terrestre et aussi des rôles respectifs et pouvant permuter, d’un père avec son fils. 

vendredi 5 mai 2017

Le Postillon. Avril mai 2017.

Le vingt pages « satirique » et non « satyrique » comme l’écrit malencontreusement le bulletin municipal de Ferrari, le patron de la Métro qui a décidément le chic pour se placer au centre du viseur, sait bien souligner les fautes d’orthographe.
C’est alors que tout arrive : voilà que le bimestriel de la cuvette grenobloise parvient à porter sur lui-même un regard un peu modeste, voire à sourire de ses faiblesses … orthographiques relevées par une exigeante lectrice qui va jusqu’à pointer des espacements abusifs.
Sinon dans cette livraison : immersion de rédacteurs chez les partisans de Macron et témoignage d’un Insoumis local des pratiques autour de Mélenchon; vivant.
La période passée a été marquée par des incendies qui concernaient le CROUS. Le contexte sur le campus autour de Condillac et au village Olympique où se sont déroulé ces faits est bien relaté.
Toujours à l’affût des mots communicants qui font du raffut, ils épluchent le mot « transition »  venant après le déjà usé «  développement durable » en le confrontant à des pratiques contestables, entre autres dans le domaine du rapport aux promoteurs de la municipalité ou bien avec des trafics d’influences qui auraient tendance à se co-construire chez les start-up du vélo électrique par exemple. 
Les articles sont roboratifs sur le sujet, prolongés par une visite au salon des DIY (« Do It Yourself ») chez des artisans, comme on disait dans le temps, où les drones voisinent avec les fabricants de jouets en bois.
Cette fois le portrait chargé concerne Yannick Neuder chef de Pôle au CHU, maire de Saint Etienne de Saint Geoirs, vice président de la région Auvergne Rhône alpes… j’abrège : rien que l’énumération des ses casquettes tiendrait la moitié de l’article.
Un petit tour chez quelques marchands de journaux a des airs nostalgiques ; eux aussi mettent la clef sous la porte. Un écho de conflit social les amène cette fois à la Mutuelle de France des hospitaliers où l’un des chefs de la CGT se comportait comme le pire des patrons. Et quand ils vont voir de plus près la réalité des « investissements socialement responsables » du Crédit Coopératif tout n’est pas vraiment « éthique ».
«  C’est toujours plus facile de faire des saloperies quand on est supposément du côté du « bien ». Si la droite ou les socialistes avaient fermé trois bibliothèques de quartier à Grenoble, tous les amis d’Eric Piolle seraient montés au créneau. Si ce n’était Lénine qui avait mis en place les goulags, les communistes auraient trouvé ça « totalitaire » voire « fasciste » bien avant que l’URSS ne chute. Si un pauvre avait touché près d’un million d’Euros sans rien faire, François Fillon se serait insurgé contre cet « assisté »
Qui c’est François Fillon ?
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Le dessin de la semaine est tiré du journal belge « Le Soir » par « Courrier International ».

jeudi 4 mai 2017

Fêtes à Venise. Fabrice Conan.

Au XVII° et au XVIII° siècle « toute l’Europe » se retrouvait à Venise, entre deux carnavals qui ne duraient peut être pas six mois comme on le dit, cependant les occasions de festoyer ne manquaient pas.  Ce dessus: un bateau, « La terre » d’après Giorgio Fossati, Gerolamo et Antonio Mauri .  Le conférencier, devant les amis du musée de Grenoble, nous détaille cette liste des fêtes, célébrations, réjouissances, processions et régates…
« Le couronnement du Doge de Venise sur l'escalier des Géants » tel que le saisit Guardi permet de rappeler que le duc est élu par un conseil de 3000 personnes issues des familles patriciennes. Le choix se portant parfois sur une personne âgée pour éviter un règne trop long . Si son pouvoir est modéré par les conseils, son influence est forte grâce à ses nominations.
Ses obligations religieuses l’amènent en « Procession à l’église de San Zaccaria, le jour de Pâques » mais il ne doit plus quitter la lagune.
Lorsque « Le Doge Alvise IV Mocenigo porté sur la place Saint-Marc » (musée de Grenoble), est présenté au peuple, la foule doit être repoussée car des sequins, pièces fraîchement frappées, seront lancés.
Depuis 1177, le mariage de la ville avec la mer est célébré le jour de l’Ascension. Toujours de Guardi « Le Bucentaure» : depuis l’embarcation de parade, un anneau d’or est jeté dans l’Adriatique. A l’arrivée de Napoléon Bonaparte, le bateau qui nécessitait 200 rameurs sera brûlé.
Sous le plafond de Véronèse, pour « L'audience accordée par le Doge de Venise dans la salle du Collège au palais Ducal de Venise », les habits de Carnaval sont admis. C’est l’époque où les ambassadeurs de Perse étaient bienvenus pour contrarier les turcs.
Sans remonter aux saturnales antiques, depuis lesquelles se bâtissent bien des légendes, une tradition née des luttes contre les villes voisines au XII°siècle mettait en jeu 12 cochons jetés depuis la tour Saint Marc et un boeuf sacrifié en souvenir d’un tribut payé après la capture d’un patriarche et ses 12 chanoines. D’autres divertissements cruels étaient de mise à la Chandeleur : courses de taureaux, jeux consistant à décrocher une oie vivante, voire écraser un chat à coups de tête.
Le carnaval ressuscité en 1945 conserve dans ses rites « Le vol de l’ange » Gabriele Bella. A l’origine un marin turc aurait rejoint le campanile sur un filin, mais la reproduction d’un tel exploit par les ouvriers les plus agiles de l’arsenal s’étant terminée tragiquement, une colombe en bois remplaça les acrobates et distribua depuis le ciel des friandises. Aujourd'hui, c’est l’heureuse élue parmi douze « Marie » qui doit s’élancer, en toute sécurité, au dessus de la foule compacte. La fête des Marie (pluriel de Maria) qui marque le début du Carnaval remonte au X° siècle, quand après l’enlèvement de 12 jeunes filles promises au mariage, elles furent retrouvées.
« Le Portrait de jeune femme au Carnaval de Venise » de Tiepolo serait celui de sa maîtresse ; c’est ainsi que classiquement on nomme les anonymes même quand elles ne sont pas aussi dissimulées. Le déguisement appelé la bauta (domino) comporte une cape noire, un tricorne et  un masque, la larva, qui laisse un espace pour boire et manger sans se démasquer. Ces éclatantes manifestations se déroulant sous l’illusion de l’anonymat ont pu attirer jusqu’à 30 000 prostituées.
Canaletto « Régates sur le Grand Canal ». La fête du Rédempteur, en juillet, célèbre la fin d’une terrible épidémie de peste (1575) qui tua un tiers de la population. On accède ce jour là par un provisoire pont de bateaux à l'église de la Rédemption construite à cette époque. Les vénitiens du monde entier couvrent alors le grand canal de 3000 bateaux avant de somptueux feux d’artifices.
Ces siècles de fêtes étourdissantes, dont la munificence accompagne le déclin économique, sont riches dans le domaine culturel.
Pour la visite  du théâtre de La Fenice, « le phénix », brûlée à plusieurs reprises et reconstruite  « com'era e dov'era » (« comme il était et où il était »), il conviendrait que soient joués des airs de Monteverdi, père de l’opéra, d’Albinoni au célèbre adagio, de Vivaldi, le « prêtre roux », ou de Farinelli qui fut envoyé à la cour d’Espagne pour tenter de guérir le roi Philippe V de sa dépression.
C’est le temps aussi de Goldoni qui alla au-delà des improvisations de la comédia del arte en écrivant les répliques de ses pièces de théâtre.
« Pour mettre la raison sur la voie de la vérité, il faut commencer par la tromper ; les ténèbres ont nécessairement précédé la lumière » Casanova.
Le galant intrigant, incarcéré  pour avoir commercé avec l’étranger, dans la prison des Plombs, Piombi, sous les combles du palais des doges, s’en échappa-t-il d’une façon aussi spectaculaire qu’il l’a racontée ?  Ma : « Se non è vero è bene trovato »

mercredi 3 mai 2017

Point barre.

Cette ponctuation surlignée est fort usitée sur les réseaux sociaux quand dans l’empilement des paroles définitives s’intensifie la réalité de l’enfermement sur soi, à double tour, avant ce second tour. Les opinions fragiles se  camouflent dans les exclamations les plus péremptoires.
Moi qui fis profession d’instruire, je m’insurge contre ceux qui se défendent de recevoir ou de « donner des leçons » et qui plus est de « morale » ! Quant à ceux qui annoncent ne pas vouloir « faire cours », il y a tout à craindre, comme avec les interminables qui promettent de « faire court ».
Entre parenthèses : une jolie variante orthographique croisée récemment : « une France « en descente » pour « indécente ».  
Bien de nos difficultés viennent à mes yeux, de ne pas appeler un chat : un chat, un abstentionniste : un irresponsable. Les litotes doucereuses cohabitent avec les mots les plus excessifs, les insultes les plus avilissantes.
Il y a toujours à apprendre des professeurs, des autres ; la morale qui fit tant défaut à l’action publique, n’est pas un vilain mot.
Nos convictions sont constituées d’un assemblage d’acquis d’ici ou là, de nos égaux, de nos maîtres, et non venues de nulle part, inébranlables. Tellement rigides qu’une pichenette les ferait voler en éclat. Plus ceux qui obstruent nos écrans ont des airs martiaux, plus ils sont versatiles : Vals et le 49.3, Dupont le dit gaulliste rejoignant ceux qui ont Pétain comme référent.
Combien de doux, de pacifiques, se sont étourdis dans les manifs, sûrs de leur force et se sont heurtés encore plus durement à la réalité ? Lorsque je lis que « Benoît Hamon aurait dû être élu parce qu’il avait le meilleur programme », il y a de quoi s’interroger sur la lucidité du rédacteur dans son évaluation de l’état de l’opinion. Quant aux « on va gagner (la prochaine fois) » en épargnant La Pen, ils risquent de perdre quelques socs’ en déshérence.  
Lorsque Macron 2017 est jugé pire que Chirac 2002, pour justifier une abstention dimanche, les bras m’en tombent. Mais de tels arguments dans l’ère du temps de la post-vérité sont balancés ainsi sans s’embarrasser de rationalité, ils ne sont qu’une façon de souhaiter le pire pour se la jouer pour les plus anciens, genre guerre d’Espagne : «  Le pont des Français tiendra (ter) Rien ne passera… Mamita mia ». Leurs indulgences sont coupables envers les véloces intermittents de l’émeute qui continuent d’apporter par brouettes des bulletins au FN, comme ces comédiens qui en insultant l’adversaire, le fortifient. De même que ce mari braquant un pistolet formé par ses doigts dans le sillage de sa femme voilée qui avait attiré des regards depuis la terrasse d’un bistrot.
Varoufakis qui révèle le rôle positif de Macron au moment où la Grèce était à défendre, et  Plenel, le procureur, appellent à voter Macron. Feront-ils bouger les fâchés?
JLM a perdu tout « sens commun » mais pas de ses propensions autoritaires et joue avec les marrons bien brunis à retirer du feu. La plaine serait-elle cramée à ce point pour que se révèle chez moi un Giscard qui perçait depuis un moment sous Rocard ? Et du coup je m’ancre du côté de Macron : « Quand on aspire à être homme d’état et à conduire son pays, on doit porter son regard vers l’avenir autant que vers son passé »
Point barre.
………
J’ai encore dérogé cette semaine à mon calendrier, le mercredi étant réservé sur ce blog à des récits de voyage. Cette entorse aux habitudes est bien dérisoire, mais je n’aimerais pas porter la honte d’être français, quand nous irons hors de chez nous où la France est aimée, ayant bien vérifié à chaque sortie, la grandeur et la beauté de notre pays.  Alors je m’agite du clavier pour apporter la contradiction à ceux qui acceptent les risques de fermeture de notre pays et qui pourtant n’ont cessé de franchir les frontières ou qui s’apprêtent à devenir étranger ailleurs sans admettre ceux d’ici. J’en suis même disposé à joindre une citation un peu niaise :
« Le fascisme se soigne en lisant, le racisme en voyageant » Miguel de Unamuno.
En n’oubliant pas d’aller voter : Macron.

mardi 2 mai 2017

Jiseul. O Muel. Keum Suk Gendry-Kim

Jiseul signifie  « pomme de terre »  dans la langue parlée sur l’île de Jeju.
Une île en Corée du Sud où eut lieu le massacre de 120 villageois considérés comme des communistes en 1948. C’est que les rouges n’étaient pas qu’au Nord ; il y eut près de 30 000 morts.
Ces pommes de terre étaient le seul aliment de ces paysans qui se terraient dans des grottes où ils sont restés pendant deux mois d’hiver avant d’être massacrés.
Les références nous manquent sur un fait si lointain et même si bien des obscurités subsistent, cette histoire élémentaire est poignante. Réduits à un état végétatif dans les conditions les plus extrêmes, restent les passions amoureuses, les solidarités et les petitesses, les naïvetés et l’héroïsme, la violence, la lâcheté... 
Le trait ou plutôt les traces d’encre de Chine en lavis dans le style de la tradition asiatique conviennent parfaitement pour installer une ambiance dramatique où les destinées individuelles se confondent dans une issue que l’on sait fatale.
260 pages où l’encre ne semble pas avoir séché, quand neige et obscurité se boivent, jusqu’à des pages totalement noires qui ne font pas procédé chic mais prolongent de puissantes impressions.