dimanche 4 septembre 2016

« Au bonheur des mômes ». 2016.

Avec ma vieille baroudeuse de cinq ans d’âge qui en est à son troisième festival de spectacles jeune public au Grand Bornand  http://blog-de-guy.blogspot.fr/2015/09/au-bonheur-des-momes-2015-le-grand.html en sa 25 ième édition, nous avons bien profité de trois jours enchantés, juste avant la rentrée des classes.
Mardi matin, nous avons vu «  Mercredi » en l’honneur du jour où l’imagination peut se déployer, ronds et carrés dialoguer en toute simplicité, en toute poésie.
Avec la question : «  C’est quoi la vie ? » posée devant des enfants, le pire était à craindre dans la prétention, alors à la sortie le plaisir est encore plus vif, car la compagnie Jo Coop dans « Le petit Phil rouge » aborde la complexité sans pontifier, ni blaguer. Les références à la chèvre de M. Seguin, au Chaperon Rouge ou à d’autres sont habiles, sans mièvrerie. Une belle approche en musique, des vertus du théâtre et de la peinture. Quand on ne prend pas les enfants pour des cruches, ils peuvent grandir.
« The impossible concert » est proposé par un ténor hollandais Stenzel et un pianiste Kivits  qui s’appliquent dans un français laborieux à justifier le titre de la représentation, à partir d’un répertoire classique, bien loin des goûts de la plupart des spectateurs. Mais par leur drôlerie, leur virtuosité, les deux complices ont gagné l’enthousiasme du public de la grande salle du Solaret.
«  Graffiti/confetti » traite aussi des rencontres qui permettent de se construire, en jouant subtilement des musiques et d’un jeu élémentaire de marionnettes.
Dans l’obscurité, s’apprend l’attente. L'ombre contraste avec l’éclatant et solaire « Zenfantillages » dont nous n’avons pas eu le temps en une heure de goûter à toutes les propositions, bien qu’avec ma veste de zèbre « j’ai donné du mien », gagné un ballon debout sur les pédales, voire participé à un flash dance et accompagné Gorgona la pieuvre tricotée dans ses augures. Dans  cet univers du cirque, les acteurs des « Accros de ma rue » sympathiques et généreux font du bien.
« La visite contée » dans la maison du patrimoine, associe une approche des rudes conditions de vie des paysans de Haute Savoie et la fantaisie des histoires de jadis.
C’est une des qualités de ce festival  d’être aussi ancré dans son terroir, tout en recevant 86 compagnies venant de partout .
Installé bientôt comme un rite, au bout d’une montée en téléphérique, nous avons terminé par «  Carnaval di transfiguro » où sans parole une marionnettiste joue de tout son corps pour nous conter sans paroles de drôles de petites histoires.

samedi 3 septembre 2016

XXI. Eté 2016.

Toujours aussi riche le trimestriel paru cet été qui en cet automne ne sera pas obsolète.
Une BD  de Saco http://blog-de-guy.blogspot.fr/2012/05/gaza-1956-en-marge-de-lhistoire-joe.html qui présente les dilemmes venant de l’exploitation des terres fracturées des premières nations canadiennes n’est pas l’affaire du jour, bien que l’incendie de Fort Mc Murray ait déjà coûté 9 milliards. Souvent dans cette revue le projecteur portant sur un problème paraissant loin des préoccupations de l’heure peut se révéler précurseur, ce qui n’empêche pas de recueillir quelques phrases de Justin Trudeau star de 2016, ou de traiter de la fatigue des policiers.
La diversité est la marque comme d'habitude de ces 210 pages où le dossier concernant les nouveaux aventuriers met aussi bien valeur un jeune homme parti sur son bateau en jute depuis le Bengladesh jusqu’au salon nautique de Paris avec deux poules, qu’un groupe d'« expats » à Hong Kong ou des  africains venus jouer au football au Népal.
Le récit en photos au pied des centrales atomiques de France précède la mise en valeur du travail de religieux italiens en Centre Afrique et la relation d’un voyage à Saint Hélène avec un expert en art désireux de situer le tableau qu’il possède de Napoléon sur son lit de mort.
Nous suivons une avocate débordée de travail en Tunisie et un iconoclaste homme d’affaire tanzanien. Le successeur de Lévi-Strauss au collège de France, Philippe Descola  a le temps de déployer ses réflexions nées de sa vie parmi les Amérindiens :
«  Quand on a vécu avec très peu de choses, revenir dans un monde où il y a une telle abondance est insupportable. Le fétichisme de la marchandise vous saute aux yeux. »
En Ukraine des papys shérifs essayent de panser les plaies d’une communauté en souffrance, alors que la rencontre du patron de la prison d’Abidjan, un détenu, est proprement ahurissante.

vendredi 2 septembre 2016

Le Postillon. Eté 2016.

Le bimestriel s’est mis à créer lui-même l’évènement avec un « vernissage judiciaire » à l’occasion de la plainte à leur encontre du président de la Métro, Christophe Ferrrari, mais les occasions de s’indigner, de préciser, d’ironiser, ne manquaient pas en ce mois de juin.
Si leur approbation du retrait de la ville de Grenoble du financement de la ligne de chemin de fer Lyon/Turin permettant de réduire le trafic des camions est sommaire,
le reportage dans le Trièves concernant l’implantation d’éoliennes donne à réfléchir en exposant divers points de vue sous un habillage littéraire garni de citations de Giono.
Le courageux témoignage d’un intérimaire travaillant sur la plateforme chimique de Jarrie est tout à fait  inquiétant venant à la suite de celui d’un riverain pas dupe des enfumages administratifs:
" ils ont mis sept années pour définir hypocritement d'hypothétiques trajectoires de nuages toxiques et donc d'hypothétiques impacts de dangers"
L’affaire Ripert, l’avocat interné en psychiatrie, révélant la personnalité d’un procureur cherchant le conflit avec un barreau grenoblois peu docile, la fermeture de trois bibliothèques, la tribune de Pommerat dans Libé concernant le désastre culturel qui s’amorce avec détermination et aveuglement à Gre, les effets du changement de politique à la région concernant le Parc de Chartreuse, sont vivement traités, comme certaines violences policières.
Mais là où le journal qui gratte est indispensable c’est lorsqu’il souligne les ravages de la communication.
 Après les paroles de Piolle concernant la culture :
« Si ça frotte, c’est peut être qu’on est au bon endroit »,
les exemples qui piquent se multiplient :
du Ciel au Tricycle en passant par le Street art business,
et se poursuivent avec la rencontre d’un acteur impliqué mais méprisé du quartier Teisseire.
Un  jeu à découper de 154 mots est proposé pour composer des discours à la mode EELV/Fongicide de Gauche qui s’estiment dans un courrier interne pour essayer de s’en persuader: 
« les bonnes personnes au bon endroit au bon moment. »
Ils feraient bien de prendre leurs ciseaux participatifs et leur colle à co-construire afin de revoir  
«  leur logiciel pour tous des assises viables » et proposer « une batucada soutenable pour désenclaver les fleurs » ou « une fabrique à 360° des mobilités du XXI° siècle ». 
« La cité n’est-elle pas apaisée ? » se demanderait Marianne chancelante sous les coups des policiers (voir fresque)
Leur page une sur les 21 proposées cette fois pour 3€, est consacrée au fan club de Carignon avec reportage en immersion qui en révèle toute l’insignifiance, à la façon dont ils avaient infiltré le FN à Echirolles. Mais cela relève plus de l’ordre d’une légèreté bienvenue comme ces portraits de barbiers ou toiletteuse de chiens et chats réunis qui tombent pile poil.

jeudi 1 septembre 2016

Paris, août 2016.

« Revoir Paris
Un petit séjour d'un mois
Revoir Paris
Et me retrouver chez moi
Seul sous la pluie
Parmi la foule des grands boulevards
Quelle joie inouïe »
http://blog-de-guy.blogspot.fr/2015/12/paris-au-mois-daout-2015.html
Trenet trotte dans la tête même quand cinq jours passent vite et qu’il fait grand soleil :
la ville des amoureux est plus que jamais un cadeau malgré tant de légèreté perdue.
Si les rues nous ont parues encore moins animées que ce que nous recherchions habituellement autour du 15 août, la magie de la ville lumière veut persister pour le provincial qui trouve sous chaque plaque de rue, des histoires et de la gratitude.
Comme lors de nos brocantes où nous revenions inévitablement avec quelques objets africains, parmi les lieux que nous privilégions, figure le musée Dapper où sont présentés des reliquaires, des masques expressifs, des bijoux raffinés, qui constituent une révision bienvenue parmi ces objets  parfois aperçus trop rapidement. Prolongations jusqu’au 17 juin 2017.
Il faut bien une journée entière pour apprécier ne serait ce que les installations temporaires du musée du quai Branly. Celle qui est consacrée aux représentations de l’homme blanc dans l’art africain est relativement sommaire, par contre l’exposition « Jacques Chirac ou le dialogue des cultures », jusqu’au 9 octobre 2016  à l’occasion des 10 ans du musée qui porte désormais son nom, est passionnante.
Les objets de tous les continents accompagnent une biographie de celui dont je regrette de moins en moins d’avoir voté pour lui. Les façons de présenter les civilisations du monde entier sont mises en perspective, depuis les Achantis au Jardin d’acclimatation jusqu’au musée consacré à l’immigration de la Porte Dorée en passant par le musée Guimet et le musée des arts africains et océaniens, l’institut du monde arabe…
« En ces temps de violence, d’arrogance, d’intolérance et de fanatisme, le musée du quai Branly sera une nouvelle manifestation de la foi de la France dans les vertus de la diversité et du dialogue des cultures. » Jacques Chirac
« Persona » approche jusqu’au 13 novembre, dans le même lieu, l’intelligence artificielle, le transhumanisme, mais marionnettes, automates et robots pourtant « étrangement humains », ne sont pas arrivés à me faire passer au dessus de ma perplexité.
Au musée des arts décoratifs « De la caricature à l’affiche 1850-1918 » est un sujet pointu mais en résonance avec les bigoteries d’aujourd’hui et nos lâchetés.
A la Halle Saint Pierre, comme d’habitude, dans la profusion d’ œuvres hors du commun, de quoi faire provision d’émotions. Il s’agissait  d’un des derniers jours de « L’esprit singulier », fonds de l’abbaye d’Auterive en Haute Marne... pas notre Hauterives dont le facteur cheval est le roi, mais animé de la même fantaisie poétique, intense et bouleversante. Je regrette de n’avoir retenu que les noms de Chessac ou Rebeyrolle parce que je les connaissais, mais il faudra que je me souvienne de la force de Rustin ou de Sevellec aux maquettes de rêve.
Au Centre Pompidou : hommage à la Jacqueline Picasso celle  qui « avait le don de devenir peinture », un peu court, même si pour quelques toiles Picasso vaut toujours le détour. 
Pour mieux nous consacrer à l’ « Art pauvre » ( arte povera) nous avions fait l’impasse sur « La Beat génération » et passé en coup de vent devant les sièges design de Paulin, mais peu de surprises. 
Au musée d’art moderne de la ville de Paris, Marquet, « peintre du temps suspendu » méritait bien d’être mis en valeur.
Et en ce lieu, encore une belle découverte : celle de Paula Moderson Becker et ses enfants tristes, son autoportrait nu, annonçant les expressionnistes. Elle avait reçu le label « art dégénéré » décerné par les nazis. Elle est morte à 31 ans.
« Le grand orchestre des animaux » à la fondation Cartier s’avère plus technique qu’artistique et la chronique du plancton m’a laissé assez indifférent même si je suis reconnaissant aux photogéniques cyanobactéries filamenteuses d’être à l’origine de la photosynthèse. 
Au 59 rue de Rivoli  sont installés une trentaine d’artistes, dont certains enveloppant leur travail de trop de discours gagneraient à se monter plus modestes, alors que d’autres mériteraient plus de notoriété.
Le magasin Légo sous la "canopée" des Halles c’était pas mal du tout.

mercredi 31 août 2016

Pourquoi l’Equateur ?

Avec nos compagnons de voyage qui avaient déjà parcouru Bolivie, Pérou et autre Colombie, nous nous sommes mis d’accord pour aller en Equateur ; les destinations les plus courues en Amérique latine, telles que le Chili ou l’Argentine se trouvant actuellement en hiver et pour le Brésil sous influence des J.O.
Ce pays, que je ne connaissais pas, présente un catalogue alléchant, mariant nature et cultures : volcans, baleines, et Amazonie.
J’ai bien aperçu les traces du visage du Che sur les murs de là bas, lui, dont j’imitais le poster il y a près d’un demi siècle, mais touriste devenu, aucun « foco* » à rallumer.
Pour ce pays par définition au milieu du monde, j’en étais au niveau regretté par un de nos éminents guides, à ignorer que le président Correa était venu récemment en France. La maigre notoriété de l’Equateur tenant essentiellement à son ambassade à Londres qui héberge depuis 2012 Julian Assange le fondateur de WikiLeaks, modèle de tous les « lanceurs d’alerte ».
Le tremblement de terre d’avril 2016 qui fit 650 morts, ayant découragé les touristes, nous  sommes contents de ne pas avoir renoncé, reçus avec égards tout au long de ces trois semaines.
Nous avons rencontré des personnes remarquables, longé des paysages grandioses, abordé des cultures nouvelles, goûté des plats curieux et de déraillement (léger) en pirogue tous feux éteints dans la nuit amazonienne, nous avons diversifié nos moyens de transports et varié nos activités : régressé dans les bains chauds ou dans la boue et plongé aussi dans des discussions profondes face à la sophistication du vivant, la beauté du monde et ses histoires passionnantes.
En une bonne vingtaine d’épisodes, chaque mercredi, nous essaierons de rendre compte de ce voyage tout confort, organisé par Tamera, http://www.tamera.fr, depuis le journal écrit par ma femme.
* Foco : foyer de guérilla révolutionnaire.

mardi 30 août 2016

La menuiserie - Chronique d'une fermeture annoncée. Aurel.

Le dessinateur du « Monde Diplo » et du « Monde » tout court, de « Politis », du « Canard »… met du lavis dans son trait et des ombres dans ses décors.
L’éditorialiste des plus engagés politiquement dans ses croquis fluides et expressifs est confronté ici aux problèmes d’une entreprise qui ne sera pas transformée en SCOP (Société coopérative et participative).
Si cette chronique rappelle Davodeau
la multiplication des points de vue évite les enseignements définitifs.
Il s’agit d’une entreprise familiale appartenant, après quatre générations, au père de l’auteur.
« Je serai celui qui ne reprendra pas la menuiserie »
Portraits chaleureux de toute une lignée d’artisans et de ses collaborateurs sans flonflons nostalgiques, décrivant l’évolution d’un métier et de tout un pays : l’Ardèche autour des Vans.
Ponctuées par les menus de la grand-mère, les mutations en cours mettent en mouvement  toute une série de personnages différents, vivement et tendrement campés, tout au long des 150 pages de ce beau livre.

lundi 29 août 2016

L'âge de glace 5. Les lois de l'univers. Mike Thurmeier, Galen T. Chu.

Une fois encore papa, maman Mammouth et leur fille, tigre à dents de sabre, paresseux, sont poussés à se déplacer pour échapper à la catastrophe imminente déclenchée par Scrat, l’écureuil affolé.
Si celui-ci a les dents pointues c’est qu’il s’agit d’une créature d’avant l’histoire, démiurge dépassé mais indestructible, à la poursuite d’un misérable gland, moteur comique d’une histoire cosmique ou inversement. 
Cette quête dérisoire et décisive fait traverser, à la vitesse de la lumière, ce film à l’animation époustouflante dont il ne restera pas seulement la trace d’un souffle très vif.
Les sentiments amoureux, l’attachement des parents et le détachement nécessaire à leur égard sont évoqués avec humour et tendresse : spectacle familial par excellence, beau, drôle, inventif.
Une belette folle et pertinente, guide tous ces animaux dont chacun aura un rôle à jouer pour se sauver tout en composant avec des ennemis acharnés.
Ces temps préhistoriques sauvages, glacés et légèrement hystériques, sont vraiment d’actualité.