mercredi 31 décembre 2008

Conjugaison. Faire classe#15


Une des matières des plus rébarbative, et pourtant au fil des ans je trouvais que cela devenait plus aisé de l’enseigner.
Où le conditionnel s’avère plus confortable à apprendre que cet indicatif impérieux qui nous réserve tant de surprises.
Le schéma habituel des cours de français :
- Une phrase courte avec la notion du jour : « écoute ! »
- Remarques en évitant les litanies baragouinées : « il ou elle ou on », décalées de la vie courante.
Le subjonctif qui fait figure d’épouvantail s’emploie aisément : « il faut que je fasse mes devoirs ! »
- Systématisation : relevé des terminaisons des verbes sur le gros bristol marque-pages du livre de Français
- Vérifications à l’ardoise
- Exercices oraux à partir du manuel des élèves
- Exercices écrits rapides sur le livret mixte de français
- Exercice écrit sur le cahier de français : correction
- Repérage des défaillances : exercices supplémentaires : conjugaison + pour les nécessiteux.
Je compte bien qu’un de mes anciens devenu professeur ne colle pas un « s » à une consigne impérative avec un verbe du premier groupe : « écoute ! »
« J’hésitais encore entre les passés simples et le simple présent, et sûrement je préférais celui-ci quoique je sache déjà que mon trop grand appétit pour lui me vouait à l’autre, l’étique, le renfrogné, l’anorexique. » P. Michon

mardi 30 décembre 2008

Soir de foot.


J’étais avec les 15 000 spectateurs pour le retour d’une victoire au stade des Alpes. Je n’y avais plus mis les pieds depuis la montée en ligue 1; et une place pour le match contre le Mans était plus accessible que contre les Olympiques.
L’environnement électronique n’est plus mis en évidence comme auparavant.
Le public de la tribune présidentielle a délégué ses encouragements aux supporters de derrière les cages qui assument un spectacle à eux tout seuls. Cette animation tient de la chorale, de la chorégraphie, mais les autres spectateurs m’ont semblé bien frigorifiés.
Le matin avait été annoncé la mort de Roger Jonquet. Mais non, madame la présentatrice de France Inter : Robert Jonquet. C’est vrai c’était l’époque des Raymond, des Armand, des Bruno pas celle des Steve ni des Kévin, vous pouvez confondre.
Le Dauphiné Libéré n’a pas mis une note élevée à Feghouli, pourtant dès qu’il touche la balle, l’étincelle peut être là : quelque chose va se passer, même si cela n’aboutit pas forcément. La marque des grands, une intensité. Baning lui a été omniprésent en première période, autant en deuxième il a été approximatif, cuit.
C’est intéressant de revenir au stade, en vrai, pour mesurer combien la télévision nous formate. Devant l’écran, même si nous ne sommes pas d’accord avec le Larqué de service, notre vision est déformée, nos jugements induits. Faut-il en tirer des conclusions pour d’autres domaines ? Oui, notre vision de la politique tient à un extrait de petite phrase, alors que le champ est bien plus vaste, et qui décide de l’angle de vue ?
Débarrassés des gros plans, des ralentis, nous sommes dans la surprise : chaque but m’a semblé arriver par inadvertance, dans un temps suspendu.
20€ pour une pincée de réalité, quitter ses moufles, un samedi soir.
Je l’avais vu jouer, Jonquet, Grenoble avait gagné contre le grand Reims.

lundi 29 décembre 2008

Schreck 3


Quand le premier film est sorti, j’étais assez réticent à l’égard de l’enthousiasme critique qui avait accompagné l’apparition de l’ogre vert, craignant le conformisme anti Disney. Et puis j’ai été emballé à mon tour. Ce numéro 3 n’a pas épuisé la veine de la gentille insolence, de la délicieuse régression avec une qualité de création impressionnante. Le numérique ne tue pas l’emploi, à voir la flopée de collaborateurs qui défilent au générique. Cette fois le géant connaît les affres de la paternité : ce n’est pas triste, poétique parfois, rythmé toujours, avec une tchatche revigorante et quelques scènes telles que la mort du roi et un regard sur la comédie du pouvoir qui vaut bien des discours sentencieux.

dimanche 28 décembre 2008

« Ecoutez d’où ma peine vient »


La dernière livraison de Souchon entretient nos désirs contradictoires: celui d’aimer retrouver le familier qui « voulait des matins doux » et aussi le nouveau chanteur à Sidi Ferouch.
Certains titres trouvent leur correspondant dans des productions précédentes « elle danse », « 8m2 » avec « les cadors » quand ce n’est pas une reprise entière de « bonjour tristesse », mais pas de petite perle telle que « petits tas tombés » où la manière originale rencontre un fond essentiel. La patte perso pour une société à décrire, à rectifier. Pour tout dire, c’est un peu mou du genou, comme nous. La chanson où il doute de Guévara n’a pas ses paroles inscrites dans le livret accompagnant le C.D. Je me laisse bercer par « rêveur », les « saisons » « la compagnie » et emballer par « parachutes dorés », je découvre un Aragon : « la guitare », mais qui croit que c’est un grand cru ?

samedi 27 décembre 2008

Lucien. « Toujours la banane ».


Le dernier album de Margerin m’a filé un coup de vieux.
En général les héros de B.D. ne vieillissent pas. Tintin n’est pas devenu arthritique, Gaston n’a pas pris les idées noires de son auteur, pas plus qu’Obélix ne mesure son taux de cholestérol.
Présentement, Lucien, le rocker, n’a pas que des problèmes de prostate, mais son fils joue à la pléstécheune et sa fille MP3 aux oreilles se fait tatouer, sa femme surfe sur le web, lui tient boutique « Grat’ en vrac ».
Que des groupes musicaux reconstitués pour de vrai lui jettent leur premier vynil, car dans cet album, Lucien chausse ses lunettes de presbyte pour un concert avec ses potes « les quinquas vener » et même si le costard craque aux entournures, ils emballent.
Ce qui rend cet album émouvant, c’est sa vision gentille de la société, avec ses bistrots joviaux, ses copains solidaires, où le fils racketté au début se voit remboursé à la fin, il va abandonner la PS3 pour la guitare.
Alors même si la partie de flipper est aujourd’hui à 1€, nous avons gagné un sourire (la banane) le temps d’un tour en Dauphine sans ceinture de sécurité.

vendredi 26 décembre 2008

Vocabulaire. Faire classe # 14


Le vocabulaire, signe distinctif de classe, parcourt chaque matière, « transversal » en quelque sorte, comme n’oserait même plus le dire le moindre conseiller pédagogique.
C’est pour cela que jadis je n’organisais pas de séances spécifiques.
Et puis un ami, pilier de l’école moderne, qui tirait des pépites des apports enfantins, m’avait indiqué qu’il consacrait un temps à l’étude de la langue. Si lui aussi !
Alors pour dépasser l’aléatoire, j’ai réservé une plage dans l’emploi du temps pour étudier la formation des mots, mettre de l’ordre. Familles, préfixes, suffixes, contraires, homo et synonymes, les abréviations, les niveaux de langue, propre et figuré mais peu de sessions thématiques hormis celles sur les sports divers avant d’attaquer nos journées de ski.
Des séquences, pour que le dictionnaire ne soit pas un poids de plus dans les cartables mais un recours léger, s’appuyaient sur des stratégies ludiques comme des concours de vitesse.
Il semble extravagant le temps où les encyclopédies offraient un tremplin à toutes les rêveries d’un lecteur dans un centre culturel en Afrique qui pensait saisir tous les mystères du monde en lisant le Larousse comme un roman.
- Porte-vues pour la double page hebdomadaire.
- Recours aux dessins à exécuter dans la semaine et à faire deviner aux autres :
Quelle expression figurée se prend au pied de la lettre ?
Un petit haïku pour que deux homonymes et même plus si affinités se télescopent...
« … la rhétorique. Elle est restée presque jusqu’au bout, une énigme anguleuse et noire, comme son nom, revêche, cléricale, morte, que j’ai laissé à d’autres le soin d’éclaircir si cela, d’aventure, les amusait. » P. Bergounioux

jeudi 25 décembre 2008

Petit Coca Noël


Il fut un temps péremptoire où la politique était reine, aujourd’hui elle s'étiole dans la recension de petites phrases. Alors que Sarkos savait comme Gramsci que la lutte sur le plan culturel était déterminante : il a gagné. Avons-nous perdu de nous être tant goinfré d’ironie, de joyeuses démolitions, laissant la place aux trafiquants de valeurs ?
Je reviens sur ces années bousculantes pas seulement pour compter en rond, mais parce qu’elles ont formé la matrice de nos pensées.
Quand j’entends aujourd’hui un chroniqueur de France Inter prétendre dépuceler les oreilles des enfants, en leur révélant pour la dixième fois que la père Noël est un produit Coca Cola, je me dis que les humoristes ne sont plus forcément du côté de l’anti-conformisme.
Je n’ai pas le sentiment de courir au secours du grand commerce en pensant que nous avons besoin des Noëls.
Nous avons besoin de croire, encore plus si nous sommes athées, à la lumière au cœur de l’hiver, comme les hommes l’ont fait bien avant le christianisme.
Dans nos sociétés digicodées, un bébé dans la paille, sans papier, est un beau symbole de croyance en la vie. Sous le souffle de l’âne réprouvé et de la bête de somme : la majesté de l’homme.
Je me défends d’être atteint par quelque tardive piqûre mystique et souris toujours à la remarque de Julos Beaucarne qui trouvait approprié l’encens offert par les rois mages pour masquer les odeurs d’étable. Mais je crois les mythes nécessaires à notre construction d’homme. Un enfant grandit lorsqu’il apprend que le père Noël n’existe pas, et quand il y a cru de toute son âme, c’est encore meilleur.