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mardi 1 mai 2018

Arrière-pays. Nouvelles du pays. Ferrandez.


Ah qu’ils sont jolis les petits villages de Provence, des Basses Alpes disait-on, de l’arrière pays niçois à Avignon, en été. Bien que dans les bals où apparaissaient quelques belles de la ville en villégiature, la solitude des jeunes hommes maladroits ne se dissolvait pas si facilement dans l’alcool.
Chronique de plusieurs vies dans les années soixante en toutes saisons, quand la transhumance avait déjà des airs de conservatoire des coutumes, quand le dernier des réfractaires mourait seul sans eau ni électricité pas loin des chantiers de l’autoroute du soleil, quand le train des pignes ramenait la mamée de l’hôpital où elle retournerait pour toujours.
Reprise utile, relativement récente (2003) d’albums anciens (1982) qui étaient épuisés.
Les couleurs et les traits du dessinateur de la Méditerranée pour illustrer des scénarios efficaces étaient déjà séduisants et forts http://blog-de-guy.blogspot.fr/2013/01/lhote-jacques-ferrandez.html. Ce n’est pas d’aujourd’hui que date la dévitalisation de « la France périphérique » ni que les vieux saoulent les jeunes de leurs souvenirs. Il y aussi de belles passions avec celui qui monte un musée de la moto ancienne, ou des scènes cruelles chez un écrivain en immersion. Les portraits sans concession côtoient la  tendresse, la liberté, et les conformismes sociaux.

dimanche 30 janvier 2022

Superstructure. Hubert Colas.

Des images de la mer en fond de scène nous attendent avant que les acteurs apportent des morceaux de la maquette d’une cité imaginée par Le Corbusier sous le nom de projet « Obus » qui ne verra pas le jour.
Il va être question de la « décennie noire » à Alger entre 1990 et 2000  après que les islamistes se soient fait voler leur victoire électorale. Le terme guerre civile n’est pas prononcé, pas plus que les estimations des morts entre 100 000 et 200 000, mais les points de vue sont variés et Aznavour qui émouvait le policier surnommé Rambo vient avant la liste des pleurs : 
« Lorsque l'on tient
Entre ses mains
Cette richesse
Avoir vingt ans
Des lendemains
Pleins de promesses
Quand l'amour sur nous se penche
Pour nous offrir ses nuits blanches » 
Après l’entracte, de belles images de forêt servent de décor à l’évocation de la guerre menée par la France jusqu’en 1962 et les espoirs de la décolonisation sur « Pata Pata » de Myriam Makeba pour conclure. 
Aucune esquisse du futur n’apparait pourtant ce volet était annoncé dans les intentions qui prévoyaient 3 h de spectacle finalement ramené à 1 h 40. 
La superposition des témoignages et de moments lyriques n’apporte guère de nouveauté à l’ambitieux projet d’exploration des mémoires sempiternellement embarrassées.
 «  L’œuvre chorale » de l’écrivaine Sonia Chiambretto intitulée « Gratte- ciel » aurait pu garder ce titre donnant une idée d’utopie, alors que « Superstructure » choisi pour le plateau de la salle Rizzardo à la MC2 est sans poésie, sans rapport évident avec le sujet. 
La mise en scène se rapproche plutôt d’une conférence à plusieurs voix que du théâtre, affaire pour moi d’interactions, de dialogues, alors que ce soir les monologues, les harangues, les psalmodies furent hégémoniques. 
Finalement la BD de Ferrandez, plus scénarisée en disait bien autant sur l'histoire de nos voisins.

mardi 14 mai 2019

Le premier homme. Jacques Ferrandez.

« D’après l’œuvre d’Albert Camus » : le personnage principal de la B.D. appelé Jacques Cormery représente l’auteur de « L’étranger » évitant une mise en image anecdotique dans un récit qui réussit la gageure d’adapter un roman majeur du prix Nobel de littérature.
« Au lieu de la joie du succès, une immense peine d'enfant me tordait le cœur... Comme si je savais d'avance que je venais par ce succès d'être arraché au monde innocent et chaleureux des pauvres, où la misère tient lieu de famille et de solidarité, pour être jeté dans un monde inconnu... Et désormais apprendre, comprendre sans aide, à devenir un homme. »
L’inachèvement des écrits originaux publiés bien après la mort du natif de Solférino permet une liberté au dessinateur particulièrement heureux au bord de la Méditerranée.
« La Méditerranée sépare en moi deux univers, l'un où dans des espaces mesurés les souvenirs et les noms sont conservés, l'autre où le vent de sable efface les traces des hommes. »
183 pages de souvenirs d’enfance entre une grand-mère forte, une mère analphabète, à la recherche d’un père très tôt disparu, l’âpreté de l’Algérie et la violence, la modestie de ces petites gens, leur dignité, leur force : « un homme ça s’empêche », l’école, la plage et les parties de foot avec les copains, sont restitués dans toute leur tendresse originelle.
Des bonheurs d’écriture sur fond d’aquarelles ne figent pas, mais suggèrent, ensoleillant une prose humaniste d’une honnêteté  bien sûr lumineuse.
« Comment prêcher la justice, moi qui ne suis même pas arrivé à la faire régner dans ma vie. »


mardi 29 janvier 2013

L’hôte. Jacques Ferrandez.



Je viens de vérifier, je n’avais jamais parlé dans ce blog de Ferrandez, auteur majeur, qui avec ses 10 volumes de « Carnets d’Orient », croise des histoires individuelles pour retracer la présence française en Algérie dans des tons d’aquarelle qui vont aussi très bien à ses chroniques provençales.
Il était fait pour illustrer une brève nouvelle de Camus parue dans « L’exil et le royaume ».
Ce n’est pas l’Algérie des bords de mers mais celle des hauts plateaux dans le froid et la misère où un instituteur apprend à des élèves les fleuves de France.
Un gendarme arrive dans  la maison d’école isolée, accompagné d’un prisonnier que le jeune instit devra conduire au bourg prochain par les sentiers pierreux.
Les dilemmes, concernant le libre arbitre, la loyauté et les malentendus, sont aussi évidents que les pierres. La dignité, la pauvreté, la sobriété sont rendus admirablement avec une palette offrant aux paysages minéraux une beauté qui détache du temps et nous aide à nous interroger sur les chemins à prendre pour l’homme à la fois si fragile et si têtu.

mardi 7 septembre 2021

Suites algériennes. Jacques Ferrandez.

Il n’y a pas mieux pour évoquer des terres autour de la Méditerranée que ce dessinateur dont la rencontre avec Camus avait été inévitable 
L’Algérie est son affaire, qu’il envisage à travers des personnages parfois antagonistes, mais exprimant les contradictions dans toutes ces histoires dont un des dédicataires disait toujours : « c’est dingue ! » 
Si les aquarelles de paysages que je préfère chez lui se font plus rares, c’est que le propos à travers de nombreuses discussions entre les protagonistes est didactique.
A partir des manifestations pacifiques, «  marque déposée algérienne », du Hirak de novembre 2019, l’auteur, né là bas, remonte à l’année 1962 date de l’indépendance.
Emmenés par des chauffeurs de taxi bavards, nous allons de cimetières en lieux de mémoires déchirées, suivons  des amours distendus entre une belle étudiante et un journaliste ou les rapports compliqués entre un militaire en retrait et une militante pied rouge, dans les occultes coulisses du pouvoir ou dans les bidonvilles de Nanterre quand les Nord- africains sont devenus des Algériens... 
La documentation est au service de la sensibilité de l’artiste.
Lors de son coup d’état Boumediene avait profité du tournage du film de Pontecorvo «  La bataille d’Alger » pour faire entrer ses chars.
Une énorme inscription surmontait le chœur de l’église «  Notre Dame d’Afrique » : 
« Priez pour nous et pour les musulmans » 
Il y a toujours des rêveurs : 
« On ne peut pas le priver de ses racines… moi qui rêvais d’une Algérie qui accepte toutes les parts d’elle-même… la part berbère, juive, carthaginoise, romaine, chrétienne, vandale, arabe, turque et française… »    
Mais une lumière crue est portée aussi bien sur les pouvoirs corrompus qui se sont succédés que sur les partis religieux fascisants.  
«  Le code de la famille est le code de l’infamie ». 
En 1988 « La crise est accentuée par la chute des prix du pétrole, alors que les hydrocarbures représentent 90% des ressources du pays en devises…mais la cause principale de la crise est l’explosion démographique de 9 millions d’habitants en 1962, le pays compte aujourd’hui 22 millions d’habitants dont 75% ont moins de 25 ans. Une jeunesse désœuvrée et exaspérée ayant peu d’espoir en l’avenir, face à une bureaucratie pesante et une vie culturelle inexistante peut expliquer ces émeutes spontanées. »  
 La population a dépassé les 43 millions d’habitants en 2020.

mardi 20 février 2018

Grands reporters. XXI.

20 reportages dessinés nous font accéder aux beautés et aux misères du monde en 556 pages.
Stassen raconte Gibraltar et aussi les enfants soldats au Congo.
Ferrandez père et fils croisent la vie de trois générations à Cuba.
Maximilien Leroy rend compte de la vie d’une entreprise dans le plus grand bidonville d’Asie au cœur de Bombay.
A travers son histoire d’amour, Denis Desprez décrit aussi la Chine, à l’aquarelle.
Le trait de Jean Embarrat est plus énergique pour accompagner une famille d’exploitants agricoles dans les Landes.
Et les saisonniers qui ramassent des abricots en Drôme nous sont proches avec les frères Manac’h.
L’histoire personnelle d’Hippolyte rejoignant son père dans un centre touristique près de Dakar  nous parle du pays.  Alors que les enfants sorciers de Kinshasa confrontés au phénomène massif des « églises du réveil » empilent sur leur misère des détresses mentales et sociales épouvantables.   
La rencontre de Maximilien Leroy avec un SDF de Lyon nous met, un peu, à la rue.
Les Roms se rappellent à nous à travers le récit agrémenté de photographies d’Emmanuel Guilbert.
Il fait bon lever le nez vers les étoiles depuis le désert d’Atacama avec Olivier Balez. Celui-ci nous narre aussi l’exploit de son frère atteint d’une grave maladie à l’assaut du Mont Rose.
Kugler rend magnifiquement ses trajets en camion en Iran et ses rencontres avec les médecins des éléphants au Laos, comme si on feuilletait ses carnets de croquis.
Mais c’est Sacco qui a inventé le journalisme avec dessinateurs en immersion 
qui me laissera le souvenir le plus marquant, bien qu’il ait été intimidé par des individus qui tenaient à ce que cela ne se sache pas. Il nous rapporte l’ultime misère des intouchables plus intouchables que les intouchables allant disputer quelques grains de blé aux rats jusque dans leur infimes réserves dans leur trou sous la terre en Inde.
Renaud De Heyn a des contacts intéressants pour aller dans le Rif là où pousse le kif.
Tronchet nous emmène à Quito. 
Janssen du côté d’Anvers.
Agnès Montanari soulève avec délicatesse le voile de femmes au Yémen.
Nous avons aperçu « la mer à travers une goutte d’eau ».