lundi 18 décembre 2017

La villa. Guédigian.

Difficile devant la quasi unanimité critique de se placer à contre sens. Je saisirai l’excuse d’être dans le ton du film : les films de Guédigian, « c’était mieux avant », comme l’atteste un extrait enjoué d’il y a 32 ans inclus dans celui-ci.
Deux frères et leur sœur sont appelés près du père devenu grabataire dans une maison dont la vue donne sur une calanque de rêve du côté de Marseille. Nous retrouvons des acteurs familiers pour une cousinade, comme m’avait dit une amie.
Je ne suis ni inconditionnel ni allergique à notre Ken Loach méditerranéen et à l’instar de sa filmographie, lors de ces dernières retrouvailles, j’ai goûté cette fois certaines séquences et d’autres moins
Beaucoup de spectateurs ont ressenti la nostalgie, l’humanisme ; j’ai été sensible à des thématiques, qui m’ont semblé stimulantes, telles que les effets pervers générés par ceux qui veulent faire du bien. Les moments de tension sont plus forts, à mon avis, que les rencontres amoureuses ou les scènes lacrymales. J’ai préféré comme souvent les images d’hiver au bleu imperturbable des étés qui n’en finissent pas. A dater des films en fonction de la présence de cigarettes, dans ce lieu des rêves enfuis, on ne serait pas étonné de voir débouler Raimu, clope au bec lui aussi.
Il y a trop de sujets abordés : repartir dans la vie en restant sur place ? Restau pas cher ou grand chef ? La jeunesse la nôtre et celle d’aujourd’hui ? Quel avenir avec un jeunôt, une jeunette ? La classe ouvrière, la fin de vie, le sacrifice, le deuil, la transmission, les réfugiés, l’entretien des sentiers, le théâtre, écrire, le pardon, la vie, la mort, l’amour… J’ai aimé l’humour vachard du personnage de Daroussin, sa jeune compagne plus complexe et la scène de l’écho sous le viaduc. Mais le docte de chez 68 est pénible: maudit miroir !
Je sais bien qu’il s’agit d’un conte, genre délicat à manier, mais une heure trois quarts pour résoudre presque toutes les blessures de la famille et au-delà, forcément il a fallu expédier les raccourcis. Et puis quel besoin de tout expliquer? Même quand les personnages sont tout seuls, ils causent. Voilà de la matière pour discuter avec mes vieux potes.

2 commentaires:

  1. Oui, j'ai envie de voir le film, et je comprends tes hésitations.
    Moi, je suis revenue de mai '68. Je suis revenue de mes idéaux.. de gauche...
    J'ai revisité qui j'étais en mai '68, pourquoi j'ai tenu... le rôle et la place que j'ai tenus, sans savoir pourquoi je faisais ce que je faisais, et ce que je peux en faire maintenant.
    Je ne suis pas restée fidèle à qui j'étais... il y a même dix ans.
    Vaut-il mieux rester fidèle... à des idées ou à des personnes ?
    Peut-on... se trahir, et trahir les autres en restant fidèle ?
    Personne ne nous a dit que la vie allait être facile.
    Trop de personnes encore voudraient nous faire croire que notre confort personnel.. notre bien être sont le paradis laïc enfin advenu sur terre, et qu'on va enfin y arriver de notre vivant, si on suit le bon manuel. Notre confort et bien être comme le confort et le bien être de notre prochain.
    D'autres voudraient nous faire croire qu'aider autrui est un souverain bien sans contrepartie, sans inconvénients, ni pour soi, ni pour autrui. Ils poussent.. l'orgueil jusqu'à penser détenir la certitude de la valeur absolue de l'aide qu'ils apportent...
    Je suis sceptique.
    Ceci dit, je crois que la famille en tant que.. manière de VIVRE ENSEMBLE subit des attaques sans précédant dans notre modernité.
    Elle est attaquée en premier lieu par notre très grand désir de mobilité, et ça, je peux en témoigner... de première main.
    Les personnes qui essaient de me faire l'apologie de la modernité sur ce dossier ne me convainquent pas.
    Et puis... vivre ensemble, à plus d'un, c'est... se coltiner l'autre, et le fait qu'il y a des moments où l'autre nous fait suer. C'est ainsi. La vie ensemble... ce n'est pas toujours confortable. Que ce soit au niveau de la famille ou... au niveau de la nation, d'ailleurs...
    Que dis-je... je divague. Il n'y a pas de confort, pas de repos pour l'Homme sur la terre ; le repos, c'est éventuellement dans le sommeil ou la tombe. Même seul... (et pour certains, surtout seul...) on peut SE RENDRE très malheureux, à cause des nombreux prochains que nous portons, par la force des choses.. EN NOUS.
    Comme quoi.. l'oeil dont parlait Victor Hugo ne se ferme jamais... avant la tombe.
    Comme quoi... le désir moderne d'immortalité est une terrible farce, à mes yeux. L'art de désirer... l'enfer.
    Il faut le faire...
    Reconnaissons quand même que le Progrès ne nous a pas rendu si intelligents que ça, voyons...

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  2. J'ai trouvé que c'était un beau film, quand même et malgré tout.
    L'extrait de "Ki lo sa" intégré dans le film m'a mis les larmes aux yeux: les acteurs ont vieilli, on les retrouve ensemble comme les membres d'une famille, film après film, comme on retrouve sa famille à chaque noël, en se disant "tiens, untel a pris un coup de vieux" et en étant juste content que tout le monde soit encore vivant. (juste avant que l'engueulade et les conflits rituels !) .
    Même quand c'est cucul, bêta, et tout ce qu'on voudra, j'aime bien.

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