dimanche 19 novembre 2017

Saigon. Caroline Guiela Nguyen.

235 restaurants portent ce nom en France : « Saigon » (ne pas dire «Hô-Chi-Minh-Ville»). Nous sommes invités à nous attabler pour 3h 20 dans un coin de celui qui occupe la scène panoramique de la MC2.
La mémoire de  l’histoire entre la ville du sud Vietnam en 1956, et Paris en 1996 a le temps de se déployer à travers des destins de personnages remarquablement interprétés. Il convient de ne rien en dévoiler tant la reconstitution est subtile, sans obscurité inutile, le passé se mêlant au présent.
L’intention de l’auteure, fille de « Viet kieu », Vietnamiens de l’étranger, de ne pas réduire le Vietnam à une ancienne colonie, peut s’apprécier sur des planches où se déploient parfois des dénonciations sans nuances.
Les mensonges, les oublis, les pudeurs, laissent apparaître des situations douloureuses mais aussi des moments de tendresse et d’émotion avec même parfois un surcroît de pathos. Mais il semble que les vietnamiens ne sont pas si impassibles que nous pouvons parfois le croire.
Les chansons sentimentales au karaoké ponctuant les rencontres dans le restaurant de Marie Antoinette expriment la nostalgie, évoquent les solitudes et le sentiment d’abandon qui accompagnent l’exil.
Contrairement à bon nombre de critiques qui n’apprécient pas les voix off, j’adore ce procédé qui clarifie le scénario en exprimant une intériorité qui n’est pas forcément perceptible depuis le fond d’une grande salle. Cette voix amplifiée varie les intensités et apporte une certaine intimité.
Bien que souvent les dialogues soient sur titrés, nous sommes aussi confrontés directement aux incompréhensions nées de la différence des langues.
Au delà de la Grande Histoire, nous pouvons réviser dans nos petites histoires, nos culpabilités et comprendre la distance qui s’est installée entre un vieux cassé revenu au pays et une jeunesse joyeuse.
 « C’est ainsi que se racontent les histoires au Vietnam : avec beaucoup de larmes. »


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