jeudi 7 septembre 2017

Nils Udo. Gilbert Croué.

Le conférencier devant les amis du musée de Grenoble rêve d’attendre le lever du jour en compagnie de quelque nymphe depuis le « Nid rouge » construit par Nils Udo, l’artiste bavarois qui compte aujourd’hui 80 printemps. Partons au pays des constructions fragiles.
« Grâce à l’art, au lieu de voir un seul monde, le nôtre, nous le voyons se multiplier, et autant qu’il y a d’artistes originaux, autant nous avons de mondes à notre disposition »  Marcel Proust
« Sans titre », île de la Réunion : les corolles légères des fleurs de liseron ponctuent  le miroir de l’eau en butant contre une baguette. L’équilibre peut se brouiller, se détruire.
Nils Udo a entrepris des études artistiques dans la ville de Nuremberg détruite, il rejoint Paris dont l’école de peinture est encore réputée dans les années 60, mais renonce pour longtemps à des artifices, au synthétique, au trompe l’œil, aux redites, en revenant au bord du lac de Chiemsee.
Dans son « Hommage à Gustave Malher » dont la Symphonie n° 3 en ré mineur s’intitule : « La voix de la nature en marche », cet autel éphémère sur un terrain remodelé n’emprunte qu’aux éléments prélevés sur place : peupliers, tiges de frênes, bannissant tout lien artificiel.
Il immortalise ses installations en les photographiant en série limitée, comme les graveurs.
« Je peins avec les nuages, dessine avec les fleurs»
« Le nid », lieu de naissance et de protection, tient une place importante dans ses nombreuses productions.
Des matériaux très divers peuvent être utilisés comme le font insectes et oiseaux pour des formes variées, ainsi « l’oiseau jardinier ».
Comme les présences humaines sont rares, elles sont saisissantes : « Waternest »
Il s’approche de l’eau, depuis la source jusqu’à la mer, échafaude un délicat « Nid d'eau », avec des roseaux en hiver et en été,
un  « Autel de rivière » antique rituel de l’homme accédant à un langage symbolique afin d’honorer les âmes,
une « maison d’eau » où une cage joue avec les marées.
Les couleurs depuis des jus de feuilles d’ail des ours, de baies d'obier, éclatent dans « Nid d'hiver » 
ou simplement avec des baies du sorbier dont le rouge électrise le vert, « Sans titre ».
Des pétales dites « Langues de feu » étaient toutes indiquées pour souligner une fissure dans une coulée de lave à la Réunion.
Plus subtilement, des feuilles de cerisier peuvent composer un nuancier avec osier, feuilles de marronnier à  Equevilley « Sans titre »
Des branches composent des cadres de tous formats qui sollicitent le regard  comme dans le « Petit lac vallery »
A Mexico, il dégage des « racines »,
à Aix la Chapelle il lui a fallu de la patience pour enfiler les baies de sorbier sur des tiges d’osier à insérer aux flancs de « genévriers ».
« Baie » affronte vitesse et stabilité.
Les « dessinateurs de jardin » (topiarius) depuis les temps antiques, taillent, « tyrannisent » la nature comme disait Pline l’ancien, c’est l'art topiaire comme à Marqueyssac. 
Et s’il est revenu récemment à la peinture « Sans titre »
Nils Udo se distingue de ses contemporains du land art
 « Ce qui m'intéresse, c'est le fait que les choses vivent, se développent et meurent. C'est toute la nature qui m'entoure. Je m'y intègre, je travaille au rythme des saisons »
A Chaumont sur Loire au festival des jardins sur le thème de « Grand et petit » sa « Forêt de Gulliver » allait de soi. 
Comme son « Temple végétal » à Hauterives en hommage au  facteur Cheval qui avait appelé son « Palais idéal » édifié pendant 33 ans «  Temple de la nature ».
Dans ces contrées où se préserve l’enfance, Bachelard s’invite :   
« Enfants, on nous montre tant de choses que nous perdons le sens profond de Voir. Voir et montrer sont phénoménologiquement en violente antithèse. Et comment les adultes nous montreraient-ils le monde qu'ils ont perdu ! »

1 commentaire:

  1. Très belles images. Cet artiste me séduit vraiment, et je suis pleinement enthousiaste de son oeuvre... sans réserve, dans les photos que tu montres ici.

    RépondreSupprimer