dimanche 17 septembre 2017

Nicht schlafen. Alain Platel.

Le titre se traduit par « Ne pas dormir ». Les spectateurs n'ont pas besoin de l'injonction, saisis par la performance d’une troupe composée de huit hommes de toutes origines et une femme qui impressionnent par leur souplesse, leur force et leur souffrance.
La musique est de Mahler, celui de « Mort à Venise », dont la gravité est entrecoupée par des chants africains et des extraits d’une cantate de Bach exécutée en direct a cappella  par des artistes complets. Le metteur en scène, ancien orthopédagogue, pourra user de ses talents de thérapeute à l'égard de ses ouailles brutalisées, étonnants d’intensité, qui peuvent être marqués par une heure quarante de spectacle.
Même si la proximité du spectacle d’Anna Thérésa de Keersmaeker qui m’avait transporté est en faveur de la grande dame,
je suis toujours admiratif du travail de précision des danseurs bien accordés et de leurs prouesses physiques.
Cependant la bagarre initiale où ils se déchirent les habits dure trop à mon goût et quand plus tard des acteurs sont malmenés par les autres, il peut naître un certain embarras tant la représentation de la douleur est crue.
La séquence christique est réaliste jusqu’au malaise, les corps, semblables parfois à des écorchés, sont à vif sous les coups et les pincements. Les citations de tableaux du Caravage ou du "Radeau de la Méduse"  mettent  pourtant à distance un premier degré  trop violent.
Quelques notations parodiques viennent brouiller par ailleurs un message qui  voudrait rapprocher le chaos à venir au début du XX° siècle avec la situation présente.
Les séquences d’ensemble sont réussies quand elles démarrent par surprise et entrent en harmonie alors que trépignements et claques rythment les évolutions énergiques. Mais la présence des cadavres de trois chevaux naturalisés sur fond de toile de sac trouée m’a parue essentiellement décorative comme parfois la musique.

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