jeudi 15 juin 2017

Mythes, symboles et allégories. Serge Legat.

Sous l’image du « Printemps » de Botticelli, à travers des œuvres immortelles dont il révélera  pourtant des aspects nouveaux, le conférencier devant les amis du musée de Grenoble a tenu « son fil d’Ariane » en traitant de l’espace et du temps, de l’homme et de la femme à différentes périodes de l’histoire:
De l’époque médiévale qui réorganise les codes symboliques gréco-romains, en passant par la Renaissance quand la quête de la beauté idéale de Platon est revenue en force, jusqu’au XX° siècle où inconscient et liberté de création rebrassent romantisme et symbolisme qui s’étaient évadés dans la violence ou la nostalgie d’un âge d’or.
Botticelli, ouvrier fameux des temps nouveaux, continuait à peindre à tempéra, à l’œuf, sur des panneaux de bois, ignorant les lois de la perspective et de l’anatomie. De Vinci trouvait d’ailleurs qu’il traçait trop nettement les contours de ses personnages.
Clarisse à droite du tableau deviendra Flore dès qu’elle s’unira à Zéphir. Est ce déjà Flore « en douce attente » qui figure à côté de Vénus au cœur et au corps parfaits, dont l’âme peut s’élever ainsi jusqu’à Dieu ? Thèmes païens et chrétiens sont alors rassemblés, les corps personnifiant les idées.
Dans « Le triomphe de Flore » de Poussin dont on ne sait rien avant qu’il ne vienne en Italie, Ajax, présente des fleurs dans son bouclier, accompagné de Narcisse et Hyacinthe, Smilax offre des liserons, Clythie cueille des tournesols...
Si la bordure florale du tableau d’Arcimboldo a été rajoutée par la suite, le peintre maniériste est incontournable pour illustrer le cycle des saisons, des saisons de la vie. Le printemps est le temps de la jeunesse, d’Hermès et de Mercure, du bélier, l’été est consacré à Apollon et le dragon y crache son feu. 
Le soleil est tout puissant pendant « La moisson »  aux couleurs forcément chaudes de Peter Brueguel l’ancien.
Le Louvre consacre une rotonde aux quatre saisons, le testament pictural de Poussin dont  fait partie « L'Automne ou La Grappe de raisin rapportée de la Terre promise ».
En hiver, période de repos, celui de la salamandre, Hadès, maître des enfers, rode dans les parages. Dans « L'arbre aux Corbeaux » de Friedrich, un feuillage renaissant sur un vieil arbre prête à la nature des intentions mystiques. Pourtant l’un des rares peintres allemands présent au Louvre, s’était vu refuser un paysage où figurait une croix, jugé inadapté pour décorer un autel.
Parmi les symboles indépassables, comme chez Bernardo Strozzi, les trois parques décidaient du sort humain, l’une filait le fil de la vie, l’autre le déroulait, Atropos le coupait.
Chez Picasso, ravagé par la douleur de la perte de son ami Casagemas, « La tragédie » présente des êtres emmitouflés, repliés sur eux-mêmes.
Dans « La mort et la jeune fille » d’ Hans Baldung Grien, ce n’est pas un squelette mais un « transi » avec encore la peau sur les os, qui apparaît.
Le « Portrait de Simonetta Vespucci », posthume, peint par Piero di Cosimo n’est pas moins émouvant, quand est rappelé le sort de la plus belle femme de Florence, la « sans pareille » morte très jeune de la phtisie deux ans avant Julien de Médicis son amoureux, assassiné.
Méduse, cerbères, sirènes, monstres en dehors des normes, destructeurs de l’ordre établi, êtres dont la difformité au moyen âge manifestait le mal, attaquent les élus de Dieu.
Toutes les créatures maléfiques sont dans « La Tentation de saint Antoine » de Grünewald sur le retable d’Issenheim.
Mais la vertu domine la luxure et l’ignorance dans « Minerve et le centaure » par Botticelli quand tant d’interprétations peuvent être envisagées à partir de la baie de Naples placée au centre de l’œuvre, en l’honneur du roi de Naples qui avait refusé  de rejoindre la ligue du pape Sixte IV contre les Médicis.
Dans le tableau de Bronzino intitulé «  l’allégorie de l’amour et du temps », il y a bien les pétales de roses du plaisir, mais la beauté est trompeuse et la folie crie. Il s’agit d’une mise en garde contre le « mal des Français » ou « mal de Naples », la syphilis.
Arcimboldo  a illustré « Les quatre éléments » : l’air, la terre mélancolique, le feu coléreux et l’eau plutôt d’humeur flegmatique. 
Au centre de la table, attribuée à Jérôme Bosch « Les Sept Péchés capitaux et les Quatre Dernières Étapes humaines », l’œil de Dieu « voit tout ».
Vermeer dans « L'Allégorie de la Foi » illustre les principes de Cesare Ripa au XVI° siècle,  dont l’encyclopédie « Iconologia » qui a marqué des siècles, devait « servir aux poètes, peintres et sculpteurs, pour représenter les vertus, les vices, les sentiments et les passions humaines ».
La femme donne son cœur à Dieu et le serpent est écrasé. Au bout d’un léger ruban bleu, le globe de verre reflète la pièce toute entière : l’esprit humain peut entrevoir l’infini.
« La jeune femme à la balance » est plus subtile ; quel sera le destin du futur enfant ? Les plateaux de la justice et de la tempérance s’équilibrent ou s’agit-il d’une incarnation de la vanité des plaisirs terrestres 
comme le rappelle l’anamorphose contenue dans le « Portrait des ambassadeurs de France » d’Holbein ?
D’ailleurs pourquoi prendre encore des notes ? Pieter Claesz « Vanités »
Dans notre univers chargé de symboles, les œuvres d’art gardent encore des parts de mystère ; ainsi  Louis Le Nain, « Allégorie de la Victoire », contre qui, la victoire ?

1 commentaire:

  1. Merci pour ces belles images, Guy, où je vois souvent combien la femme occupe une place noble...

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