jeudi 12 janvier 2017

Construire en métal au XIX° siècle. Benoît Dusart.

Au pays des ingénieurs en doudoune, des étudiants de l’école d’architecture étaient venus assister parmi les amis du musée de Grenoble, au face à face des architectes de la pierre et des ingénieurs du métal avant qu’advienne le béton armé. L’annonce de la conférence était illustrée par Les arcs métalliques de la bibliothèque Saint Geneviève de 1851.
Après l’époque révolutionnaire, le métier d’architecte a connu une crise morale et financière avec le tarissement des commandes de l’aristocratie et de l’église, l’apparition de nouveaux matériaux et une crise artistique : les palais ressemblent trop aux écoles et aux hospices pour les classiques lauréats du prix de Rome au mitan du XXI° siècle.
Les derniers soubresauts d’une architecture vitruvienne figurent dans le livre de Charles-François Viel « De l'impuissance des mathématiques pour assurer la solidité des bâtiments… » Vitruve avait dédié dix livres à Auguste dans les années 30 av JC traitant : «  de la construction en général, mais aussi des matériaux, des ordres d'architecture, de la décoration, ainsi que de l'hydraulique, des instruments de mesures, des  machines, des aqueducs, des palais et autres bâtiments publics et privés : thermes, ports... » Un monde minéral.
Le temps n’est pas immobile : un nommé Rondelet incorpore des éléments métalliques pour consolider l’ambitieuse église Saint Geneviève devenue le Panthéon.
Baltard  séduisit le public et Verlaine  vit : «  La dentelle de Vulcain », dans les volumes des pavillons qui ont abrité les halles dont la démolition en 1972 entraîna bien des protestations. Celui là avait changé d’option après que sa première construction en pierre baptisée « fort des halles » ne fut pas du goût de l’empereur N 3 ni d’Haussmann.
La fondation Pinault ouvrira en 2018 à l’emplacement de la bourse de commerce qui servit de halle aux grains. Sa coupole majestueuse en bois ayant brûlé, elle fut remplacée par une voûte métallique.
Après les ingénieurs des ponts et les polytechniciens dont les écoles ont été créées au siècle précédent, les nouveaux centraliens font avancer la connaissance des propriétés des matériaux : l’acier combine la souplesse du fer en traction et les qualités de la fonte en compression.
La passerelle métallique des Arts qui conduit à l’académie des Beaux arts semble un pied de nez à l’institution qui pensait que seule la pierre convenait aux ponts.
  Tout comme en Savoie, Le pont de la Caille entre ses entrées néo médiévales consacre un style « Troubadour ».
Les premiers ponts suspendus ont connu des problèmes d’oxydation et d’oscillation, voire avec  les vibrations nées sous le pas cadencé des soldats sur le pont de la Basse Chaîne à Angers qui coûtèrent la vie à 270 hommes.
Les chemins de fer aménagent le territoire, les gares conservent des façades majestueuses en pierre et les toits métalliques à l’intérieur sont audacieux comme celle de la gare du nord à Paris dont une première version a été remontée à Lille.
Alors que l’acoustique est déplorable dans les enceintes où domine le métal, bien que le saxophone fût présenté pour la première fois au jardin d’hiver des plantes des Champs Elysées,  
des enregistrements sont effectués à Notre dame du travail qui  récupéra des matériaux issus des expositions universelles.
Le « Grand Palais des Beaux-Arts » « Monument consacré par la République à la gloire de l’art français », en 1900 avait pris la place du  « Palais de l'industrie » de 1885.
1889 fut l’année de la tour Eiffel dont le concepteur au regard d’acier, entrepreneur, visionnaire chef d’entreprise réalisa entre autres le viaduc de Garabit.
Le dialogue entre briques et charpente métallique est convaincant dans nos grenobloises halles Sainte Claire,
grandiose au magasin du Bon marché à Paris.  
La structure métallique en façade du moulin de l’usine des chocolats  Menier à Noisiel au bord de la Marne, semble un tapis persan.
Le casino aux allures mauresques de la jetée de Nice vit sa tripaille en ferraille fondue par Vichy.
Ainsi ces temps industrieux offraient de vastes bibliothèques éclairées, les muséums proposaient la Grande Galerie de l'Évolution,
le jardin des plantes des serres plantureuses,
un observatoire à Nice par Charles Garnier, celui de l’Opéra,
 une des entrées de métro de Guimard telle un papillon à la Bastille, édicule aujourd’hui disparu où le verre faisait souvent bon ménage avec le métal travaillé comme végétal.

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