samedi 18 juin 2016

Je ne me souviens pas. Mathieu Lindon.

Le souvenir vague de Perrec, auteur de « Je me souviens », prolongé par quelques imitateurs de magazines, allait-il consoler les béances de ma mémoire tracassée ?
La proposition était tentante.
Bien qu’une seule phrase des « Antimémoires » de Malraux depuis un champ lexical voisin, situe le glorieux ancêtre dans une autre cour : 
« L'orgueilleuse honte de Rousseau ne détruit pas la pitoyable honte de Jean-Jacques, mais elle lui apporte une promesse d'immortalité. »
A travers ce portrait, en creux, l’oubli des autres, m’a paru trop explicite pour attirer ma sympathie.
« Si la vie est une drogue, je garde mes distances avec le produit, je consomme avec modération. Entre la coupe et les lèvres, il y a de la place pour la réticence. »
Bien que  s’appliquant à la contrarier, l’élégance de l’écriture du chroniqueur littéraire de Libération vient parfois amoindrir une sincérité qui pourrait toucher.
Quelques séquences donnent à réfléchir :
« Exagérer c’est faire comprendre la vérité ou le mensonge ? »
 Mais fallait-il tant d’anodines remarques pour les mettre en valeur ?
« Je ne me souviens pas d’avoir aboyé  quand on me traitait comme un chien »
Placé  derrière un épigraphe de Victor Hugo :
«  Celui dont le flanc saigne a meilleure mémoire »
Ces 150 pages manquent justement de chair pour ne pas paraître comme un exercice de style agréable à lire, mais oubliable.

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