jeudi 10 décembre 2015

Les arts décoratifs au XIX° siècle. Gilles Genty.

L’insistance du conférencier à montrer les continuités dans l’art nouveau va de pair avec un autre cycle devant les amis du musée de Grenoble où la notion de rupture, voire de scandale est mise en évidence en ce qui concerne l’émergence de la modernité.
La virtuosité technique, les sources d’inspiration orientales, moyen-orientales ou venant de notre histoire, les matériaux rares, les techniques radicales sont mises en évidence pour nous faire découvrir ou redécouvrir des savoir-faire de plus de cent ans d’âge.
Les lignes enroulées des fauteuils à bascule de Thonet semblent dessinées d’un seul trait. En bois cintré à la vapeur, à monter sur place, ils ont accompagné un développement commercial amplifié par les exportations.
En Allemagne, se développe un style dit « Biedermeier » du nom d’un monsieur prudent, dont la devise était « ni froid, ni chaud. » Il convient bien à la bourgeoisie naissante, juive en particulier, pour laquelle le confort domestique devient une valeur forte.
Parmi écritoires aux formes simples, table à couture en marqueteries, cette chaise au musée de Prague date de 1820.
Après la radicalité des formes, le vocabulaire ornemental avec reproduction de figures géométriques comme dans ce service à thé résillé, précède un engouement pour le style japonais. Les expositions universelles des produits agricoles et industriels qui se succédaient alors à Paris, en particulier celle de 1878, participèrent à ces influences. 
La Jardinière « Flora marina, flora exotica » d’Emile Gallé, est une œuvre où référence est faite à  l’archéologie locale, la place Stanislas, au style rococo et à la flore du terroir.
« Nos racines sont au fond des bois »
Le chardon symbole de la ville de Nancy se retrouve dans sa table du Rhin qui  
« de la Gaule sépare toute la Germanie ». Gallé n’hésite pas sur les phylactères :
«  Je tiens au cœur de France », « Plus me poignent, plus j’y tiens ».
Ses engagements se retrouvent dans des vases multicouches « De par le Roy du ciel » gravés à l’acide où figure Jeanne, la bonne Lorraine.
Par ailleurs, revient le style renaissance qui lui-même s’inspirait de l’antique, ainsi le vase réalisé à la manufacture de Sèvres d'après Aimé Chenavard, où est évoqué Léonard de Vinci  et Jean Goujon, dans le style de Bernard Palissy.
Déjà sous Louis XV, Dubois, ébéniste, travaillait les laques d'Extrême-Orient, quand Boucher collectionnait et popularisait « chinoiseries » et autres «  japonaiseries ».
Pour la maison Christofle, Emile Reiber n’hésite pas dans la profusion avec sa pendule  à candélabres, « kitchounette ».
Le maître verrier, ébéniste, céramiste, industriel, Emile  Gallé est le plus célèbre.
Mais Joseph Théodore Deck, céramiste alsacien a donné son nom à un bleu : voilà un de ses chats. Il  s’était inspiré du pays des arabesques.
Quand j’ai recherché autour d’une coiffeuse de Jacob, tout en verre et cristal ayant appartenu à la Duchesse de Berry, j’ai bien aimé l’évocation d’un passionné du Louvre http://louvre-passion.over-blog.com :
« Essayons un peu d’imaginer Marie-Caroline de Bourbon-Sicile, duchesse de Berry, devant sa table de toilette vers 1820. C’est une jeune femme de 22 ans, comme toutes les femmes de son époque, elle évite le soleil pour préserver la blancheur de son teint, pour se farder elle utilise de la poudre de riz et une petite touche de rouge. Le XIXe siècle est la période où les femmes utilisent le moins de maquillage, celui-ci est réservé aux actrices sur scène ou aux prostituées. Marie-Caroline lave rarement sa chevelure par crainte des rhumes mais la brosse longtemps, elle sait que l'odeur de ses cheveux est censée troubler les hommes. Pour se parfumer la jeune femme utilise un nouveau produit qui fait fureur, c'est l’eau de Cologne qui connaîtra un succès constant tout au long du XIXe siècle. Pour ses vêtements la jeune femme achète chez Leroy l’ancien fournisseur de l’ancienne cour impériale qui habille les élégantes dans les salons aristocratiques. Les robes blanches raccourcies ont le bas orné d’une guirlande de lys et les manches ouvragées. Les tissus à la mode sont le drap mérinos, le velours et la levantine l’hiver, la percale, la mousseline, la soie et le crépon l’été. La tendance est aux couleurs tendres et sentimentales : lilas, héliotrope, réséda… »
 Les objets peuvent parlent, ils ne font pas que « bling bling ».

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