dimanche 22 novembre 2015

Tartuffe. Guillaume Baillard.

Tartuffe d’après Tartuffe d’après Tartuffe d’après Molière : on pouvait craindre le pire, quand, expérience faite dans le off d’Avignon, le contenu parfois ne peut tenir les promesses d’un titre trop prestigieux. Là, au contraire les moyens les plus élémentaires laissent toute la place aux alexandrins d’une langue délicieuse, précise, nuancée, brillante à la mécanique comique irrésistible, une heure dix durant.
Certes il est nécessaire de connaître la pièce http://blog-de-guy.blogspot.fr/2015/03/tartuffe-ou-limposteur-moliere-benoit.html pour ne pas être perdu dans le tourbillon virtuose de l’acteur qui tient tous les rôles avec une énergie remarquable, même si le mot « énergie » omniprésent dans tant de pitchs signe trop facilement nos mollesses.
Plus que partout ailleurs, les soucis du présent traversent les murs des théâtres.
Le seul moment où le comédien ouvre grand les yeux c’est quand il interprète Tartuffe.
« Mais, Madame, après tout, je ne suis pas un ange;
Et si vous condamnez l'aveu que je vous fais,
Vous devez vous en prendre à vos charmants attraits »
Et s’il est évident que depuis longtemps ces religieux hypocrites et malfaisants sont plus nombreux chez les musulmans que chez les catholiques, la pièce en finissant sur la victoire du faux dévot, nous épargnant un happy end originel, éclaire l’actualité d’une lumière crue.
« Ces gens, dis-je, qu'on voit d'une ardeur non commune,
Par le chemin du Ciel courir à leur fortune;
Qui brûlants, et priants, demandent chaque jour
Et prêchent la retraite au milieu de la cour:
Qui savent ajuster leur zèle avec leurs vices,
Sont prompts, vindicatifs, sans foi, pleins d'artifices,
Et pour perdre quelqu'un, couvrent insolemment,
De l'intérêt du Ciel, leur fier ressentiment ;
D'autant plus dangereux dans leur âpre colère,
Qu'ils prennent contre nous des armes qu'on révère,
Et que leur passion dont on leur sait bon gré,
Veut nous assassiner avec un fer sacré. »
J’ai mis tant de temps à ne plus croire que de tels propos pourraient adoucir les ignorants courant de préférence vers ceux qui flattent leurs aveuglements.
Le rappel de ce chef d’œuvre de plus de 350 ans d’âge peut être plus utile aux Orgon contemporains « Tartufi-és » qui trouvent toutes les excuses aux assassins.
Mettront-ils quelques temps encore à se déciller, après quelques morts encore, quelques égorgements ? En mal de croyances, courant derrière les superstitions des autres, forcément des autres les superstitions, ils ont abandonné raison et maison.
« Non, on est aisément dupé par ce qu'on aime,
Et l'amour-propre, engage à se tromper soi-même. »

1 commentaire:

  1. Je te suivrais plus volontiers, Guy, si je croyais que notre "raison" était au dessus de tout reproche, mais je n'en crois rien.
    Tu sais, en spy, on a constaté que le délirant, le vrai, ne sait pas quand/qu'il délire. Alors... comment pourrait-on savoir si.. SOI on est extrémiste ou pas ??
    J'ai décidé que l'idéal actuel de l'Occident, c'est de créer un monde ou Madame Tout le Monde pourrait se promener de nuit comme de jour, en petite tenue, par dessus le marché, PARTOUT dans le monde et se sentir en parfaite sécurité.
    Je ne veux pas d'un tel monde, désolée.
    Ce serait un vrai enfer, de mon point de vue.

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