jeudi 16 avril 2015

Les bâtisseurs du nouveau réalisme.

Le conférencier Thierry Dufrêne pouvait reprendre son expression « singularité collective » pour qualifier le groupe du « Nouveau réalisme » lors de son deuxième exposé aux amis du musée, après  avoir, dans une séance antérieure, évoqué Klein et Tinguely dont il sera encore question dans la description des travaux de Restany, César et Raynaud, sujets du jour.
Pierre Restany est critique d’art, fédérateur du groupe.
Pour illustrer une de ses réflexions  considérant que le milieu urbain, industriel est une nouvelle nature, le rapprochement entre des tableaux patrimoniaux, en hommage à une nature rêvée et des productions plus récentes de tôle et de béton, est éclairant.
Jadis, les bergers du Guerchin et de Poussin dans les jardins des délices d’Arcadie découvraient la mort : « in Arcadia ego »  écrit sur un tombeau « Moi, la Mort, je suis aussi ici ».
Aujourd’hui, les voitures compressées de César sont, elles, des totems incontournables et un  pot de Raynaud  peint de la couleur rouge des habillages industriels et des interdits, rempli de ciment tel un sarcophage, ne porte plus de fleurs.
D’ailleurs, le cycle immuable des saisons peut s’oublier quand le dimanche devient un jour comme les autres.
César Baldaccini, http://blog-de-guy.blogspot.fr/2013/11/cesar-au-musee-cantini.html est un bâtisseur, roi de la compression, de l’expansion et de l’empreinte.
Le méridional influencé par Germaine Richier est flatté de la reconnaissance de Giacometti.
Il rend hommage à Picasso avec un « Centaure » place de la Croix Rouge à Paris.
Son bestiaire de fer, riche de scorpions, chauve souris et autres gallinacés témoigne d’une variété des œuvres  impressionnante.  Quant à la « Vénus de Villetaneuse » ou « Ginette », elles sont marquées par les personnages figés dans les cendres vus lors d’un voyage à Pompéi.  Lorsqu’il évoque Valentin, un parachutiste mort en représentation, dans une série d’ hommes-oiseaux, réalisme et abstraction s’hybrident formidablement.
Jean-Pierre Raynaud, est connu pour ses pots de fleurs, il a eu une formation de jardinier, et les carreaux de céramique blanche sont sa signature. Il en avait recouvert l’intérieur de sa maison de la Celle Saint Cloud qu’il a détruite par la suite puis en a exposé les morceaux au musée d’art contemporain de Bordeaux.
Les nouveaux réalistes du vieux continent  ont recyclé les rebuts, héritiers de Duchamp et de ses ready made d’avant 1914. Ils sont contemporains, dans le nouveau monde, du pop art qui a mis des couleurs à la société de consommation, avec Andy Warhol  qui disait que Pierre Restany était un mythe :
«     … le nouveau réalisme : une façon plutôt directe de remettre les pieds sur terre, mais à 40° au-dessus du zéro de dada, et à ce niveau précis où l’homme, s’il parvient à se réintégrer au réel, l’identifie à sa propre transcendance, qui est émotion, sentiment et finalement poésie, encore. » Pierre Restany

1 commentaire:

  1. Que peut-on dire d'un courant esthétique dont le but, si ouvertement, est d'EXCLURE la nature comme cadre que l'homme ne maîtrise pas, mais dans lequel il est pris ?? (Tragique exclusion faite de méconnaissance, d'ailleurs...)
    Il faut quand comme garder en tête à quel point le réalisme est historiquement ennemi de la poésie et du rêve dans notre civilisation.
    D'ailleurs... il ne faut jamais oublié cet antagonisme FONDATEUR pour l'Occident.
    Dans un tel contexte, je suis nullement convaincue de tentatives.. naïves ? pour concilier ces inconciliables, et je crois, malheureusement, que les naïfs qui s'efforcent de le faire, surtout à l'heure actuelle, se font de néfastes... illusions qui ne peuvent pas les (trans)porter de manière vivante.

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