samedi 28 février 2015

Que faire ? Alain Badiou, Marcel Gauchet.

La reprise du titre d’un livre de Lénine « Que faire ? » est un clin d’œil si l’on considère que le dialogue des deux intellectuels porte beaucoup sur le communisme considéré comme une hypothèse ou une utopie. Mais il ne faut pas chercher dans les 150 pages une réponse à la question initiale: les divergences demeurent entre celui qui croit à la réforme et l’autre qui en appelle au dépassement du capitalisme.
Pas de boite à outils, de programme mais un examen minutieux et riche de notre situation, même si parfois les fantômes de Charlie font de l’ombre à nos lectures et suscitent des craintes qui ne se dissolvent pas dans une telle « disputatio ».
Il y avait eu  Julliard et Michéa http://blog-de-guy.blogspot.fr/2014/11/la-gauche-et-le-peuple-jacques-julliard.html  Régis Debray et Renaud Girard, ces dialogues sont stimulants, en apportant des contradictions à la hauteur des perspectives géographiques, historiques, philosophiques tracées par les deux hommes.
D’abord apprendre du vocabulaire :
Aporie : Contradiction insoluble qui apparaît dans un raisonnement.
Hapax : Mot, forme qu'on ne rencontre qu'une fois.
Hypostase : Principe premier.
Solipsisme : Il n'y aurait pour le sujet pensant d'autre réalité que lui-même.
Le communisme pour Badiou est encore d’actualité quand le drapeau reprend des couleurs du côté d’Athènes.  
 Pour lui, l’expérience historique du communisme «  70 ans, c’est moins long que l’Inquisition espagnole qui usa de moyens incompatibles avec la conviction chrétienne et n’a jamais été considérée, pour autant que je sache, comme une expérience qui absorbe et décrédibilise en totalité et définitivement cette religion… »
Pour qu’advienne sa société idéale, il reconnait qu’une des difficultés tient à son rapport avec la modernité ; Gauchet avait apporté des éléments en vantant la fécondité du pluralisme démocratique :
« Cette incorporation nécessaire de la dimension d’adversité dans le fonctionnement politique, […] est porteuse d’une formidable puissance de renouvellement. »
Pourtant la mondialisation a mis à mal l’autorité du collectif au détriment de « l’expression illimitée des droits individuels ». Le chapitre consacré à une définition du concept de « sujet » qui se distingue de l’ « individu » est bien utile pour redonner foi en la politique pour dépasser : « le choix entre la cupidité sans états d’âme et la cupidité avec scrupules et ajustements à la marge »
«  La politique est la dimension de la vie où un sujet peut produire un rapport universalisable aux autres et naître à lui-même dans ce rapport »

1 commentaire:

  1. Quelques remarques, comme d'habitude...
    As-tu vu que ces mots de la "pensée" sont presque tous, je crois, issus du grec, ou du latin ?....Les mots viennent de quelque part, tout comme nous, d'ailleurs, même quand on croit être citoyen du monde.
    Je pense au poème que Fauré a mis en musique :
    "Le long du quai les grands vaisseaux
    Que la houle incline en silence
    Ne prennent pas garde aux berceaux
    Que la main des femmes balance.
    Mais viendra le jour des adieux
    Car il faut que les femmes pleurent
    Et que les hommes CURIEUX
    Tentent les horizons qui...LEURRENT...
    Et ce jour là, les grands vaisseaux
    Fuyant le port qui diminue
    Sentent leur masse retenue
    Par l'âme des lointains berceaux."

    Je pense qu'il s'agit d'un poème de Leconte de Lisle, mais je peux me tromper...
    ...
    Il y a deux jours, j'étais en montagne, dans un bled perdu, où j'ai rencontré un jeune homme de l'âge de mon fils.
    J'étais stupéfaite de voir, d'entendre à quel point ce jeune homme avait les tics langagiers, l'intonation de mon fils.
    Je précise que les deux sont vraisemblablement issus de milieux différents, et ne se connaissent pas le moins du monde.
    Et voilà, Guy, pour "'l'expression illimitée des droits individuels", et la confusion si tentante entre sujet singulier et individu...
    Je me méfie de l'universalisme en ce moment comme de la peste.
    Comme des utopies...
    Pour l'adversité... en anglais, en tout cas, le mot peut vouloir dire ce qui, en se mettant contre, fait souffrir. L'adversité, un obstacle qui fait souffrir.
    Et ce qui fait souffrir PEUT faire grandir, dans certains cas.

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