vendredi 9 janvier 2015

Année nouvelle.

J’avais préparé un texte avant les morts de Charlie pour lesquels je n’ai pas le cœur d’ajouter des mots nouveaux aux flots de paroles les concernant, après avoir fait part de ma peine hier.
Plus rien ne sera pareil depuis ce mercredi, jour du Canard, 7 janvier 2015.
L’année commence mal. Mais cet article ci dessous qui cause de l’immédiat et du temps long et de la position des journalistes face aux politiques qu’ils disent dévalorisés mais dont ils contribuent à la perte d’autorité, ne me semble pas tout à fait hors sujet, même si quelques mots doux s’avèrent encore plus dérisoires aujourd’hui, comme obsolètes sont devenus les rires enregistrés.
………………
« Année nouvelle
Donne-moi les oiseaux
Qui possèdent les mots
Doux et tendres
Les mots du cœur du grand large
et de l’évasion »
Luce Guilbault
Nous venons de passer le portillon d’une année de plus que nous n’avons pas vu passer.
Au moment où le cliquet claque, quelles traces des évènements passés voyons nous encore ?
En politique : difficile de ne pas être submergé par le mélange des genres qui plombe la démocratie. Les journalistes s’en voudraient tant de ne pas passer pour impertinents qu’ils en oublient la moindre des politesses en ne laissant pas le temps de répondre à leurs invités.
A la suite, les commentaires laconiques des internautes tiennent en quelques éructations où le fond ne compte pas : les ricaneurs sont maîtres du jeu et les rictus se figent.
Pour mener une politique qui échapperait aux flashs, aux sketchs et aux clips, l’affirmation des pouvoirs régaliens de l’état devrait aller de soi, hors d’atteinte des étincelles de l’opinion d’un jour. Les réactions à chaud souvent querelleuses éteignent les considérations sur le long terme.
Je n’échappe pas à la pente fatale de l’âge dont nous nous nous méfiions tant jadis : à l’écoute de revendications de droits me vient invariablement en miroir le mot « devoir ».
Depuis un bon moment, du matin je suis devenu, mais je n’ai pas l’impression d’être davantage un « républicain » à l’américaine qui dans une étude divertissante serait plus entreprenant au lever que le « démocrate » plutôt du soir. La frontière, entre une jeunesse prise par ses écrans de nuit qui a décalé ses horaires, devient de plus en plus visible, face à la « France qui se lève tôt » pour faire fonctionner la machine. La notion de travail revient systématiquement dans nos conversations concernant la pédagogie, à mesure qu’elle a disparu du débat médiatique.
Ces prudences valétudinaires n’empêchent pas de diffuser les mots de Viveret,  qui n’est plus un perdreau de l’année non plus. Il nous aide à regarder devant nous lors d’un entretien paru dans un Libé récent à propos des « zadistes » :
« Aujourd’hui, l’économie dominante est en effet plus que jamais caractérisée par son découplage avec le politique et l’éthique […] Que raconte ce monde où 67 personnes, selon Oxfam, possèdent autant que 3 milliards d’autres ? Si ce n’est que la fracture est béante et qu’un monde se meurt. L’humanité est confrontée au chantier de sa propre humanisation. »
Et ce que vous appeliez la polarisation créative ?
« Elle est précisément là, comme le nouveau monde, le nouveau mode de vivre ensemble.
On est passé d’un «autre monde est possible» à un «autre monde possible est là».
On est sur le trépied du rêve.
Le «R» de la résistance,
le «V» de la vision transformatrice qui développe l’imaginaire,
et sans attendre le «E» de l’expérimentation anticipatoire,
le tout éclairé par le «E» de l’évaluation comme discernement.
Nous devons nous préparer à une nouvelle crise majeure et donc à organiser la résilience dans les territoires. »


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