jeudi 13 février 2014

Poussin vs Rubens.

" La querelle du coloris" se poursuit au XVII° siècle où marchands, collectionneurs et critiques s’expriment vivement comme le rapporte Michel Hochmann http://blog-de-guy.blogspot.fr/2014/01/le-titien-vs-michel-ange.html dans sa deuxième intervention sur le sujet aux amis du musée.
Colbert avait souhaité que l’Académie débatte devant les collections royales.
Philippe de Champaigne de l’académie s’y colle, le 12 juin 1671, à partir du tableau  du Titien « Vierge à l’Enfant » : il convenait alors de ne pas se laisser séduire par « la belle apparence, qui ne peut subsister seule, quelque beauté qu’elle puisse avoir ».
Dans ces conférences, Raphaël était présenté en alternance avec les vénitiens où finalement Poussin apparut comme le peintre universel qui savait la beauté du moelleux du pinceau tout en maintenant les belle formes aux dessins corrects. Tous les talents lombards ou romains se retrouveraient chez le français.
Lettres et pamphlets opposent  les coloristes qui aiment  la couleur, « la belle enchanteresse », aux dessinateurs tout en décence, modestie et perfection.
Le coloris unit, fait jouer l’harmonie. Comme un enfant, bouton d’or sous le menton, à qui on demande « t’aimes le beurre ? » les reflets jouent et les ombres ne sont pas noires.
Le dessin est une propédeutique, une grammaire, mais les règles ne suffisent pas à faire naître les poètes.
La hiérarchie des genres où l’histoire trônait tout en haut est remise en question.
Roger de Piles, un lettré comme on disait alors, apporte sa part.
« Si un peintre en représentant vous instruit, il ne le fait pas comme peintre mais comme historien »
Dans l’ « Enlèvement des Sabines », la vision érudite de Poussin (ci-dessus) joue dans un espace segmenté alors que la violence chez Rubens (ci-dessous) est globale, le choc immédiat.
Dans bien d’autres tableaux du peintre du nord, la couleur est éloquente : dans sa « Descente de croix », l’effet de lumière provoque la passion du spectateur.
La touche du pinceau nous touche. La chaleur du sang s’éprouve sous le vernis.
Le duc de Richelieu, neveu du Cardinal, ayant revendu ses tableaux de Poussin, s’est mis à Rubens.
Les français ont renouvelé les débats nés chez les italiens  même s’ils ont pu apparaitre comme des commentateurs avant d’être des producteurs de beauté.
Désormais le mateur de l’instant  a remplacé le connaisseur enraciné dans le temps.

1 commentaire:

  1. Oui, je crois pouvoir observer sans trop me tromper que le Français a une vraie passion des règles...

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