lundi 10 février 2014

Au bord du monde. Claus Drexel.

Paris, la ville lumière, la ville minérale, sans ses employés, appartient la nuit à ses marginaux qu’il ne convient pas d’appeler ici SDF mais plutôt « clochards », à l’ancienne, tels qu’ils sont montrés dans toute leur humanité. Le réalisateur nous fait partager son empathie pour ceux que l’on croise sans les entendre. Sur fond de Seine avec ses ponts majestueux et ses monuments superbement éclairés, la diversité des portraits proposés est passionnante. Nous découvrons au fil des entretiens leurs fêlures, mais aussi parfois une philosophie de la vie qui nous interroge au plus profond. Si loin, si proches, l’un d’eux balayant un morceau de trottoir minutieusement avant de poser sa tente qui contiendra aussi son caddy, levant le camp à 5h du matin avant l’arrivée des travailleurs : ni vu ni connu. Avec son allure de saint Jérôme du Caravage, une dernière apparition d’un homme pieds nus sous la pluie froide, silencieux, nous hantera encore un moment.
Un air de Puccini clôt ce beau film :
« Que personne ne dorme ! Que personne ne dorme !
Toi aussi, Ô Princesse,
Dans ta froide chambre
Tu regardes les étoiles
Qui tremblent d’amour et d’espérance »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire