jeudi 28 novembre 2013

Braque, le patron.



Le titre de la conférence de Brigitte Léal aux amis du musée appartient à Jean Paulhan.
Fauvisme.
 Né en 1882, fils d’un peintre en bâtiment, le grand gars timide débute fauve comme Matisse et Derain, et fait disparaitre ses premiers portraits sombres, lui dont on ne verra aucun autoportrait.

En 1907, à l’Estaque, où il prend son envol, sa palette non mimétique, a la vitalité de Cézanne tout en s’appropriant des touches pointillistes.
Cubisme.
Apollinaire lui fait rencontrer Picasso qui vient de peindre « Les demoiselles d’Avignon » où l’art nègre rencontre l’occident.
Et depuis on se demande encore : qui a inventé le cubisme ?
Braque devant les céramiques de l’Espagnol  trouve: « C’est bien cuit »,
Picasso à une exposition de Braque réplique : «C’est bien accroché »
Les paysages de celui qui a grandi au Havre, épurés, géométriques où les arbres s’imbriquent dans des maisons aux couleurs fluides, donnent l’impression d’être « de petits cubes ». 
Le mot de Matisse repris par le critique Louis Vauxcelles fera fortune comme « le fauvisme », péjoratif au départ, voilà « le cubisme » analytique puis synthétique, électrique.
Les plans miroitent, la palette se restreint, les sujets restent traditionnels, la révolution est dans le traitement des formes qui n’atteignent cependant pas l’abstraction.
Les plans s’émiettent, quelques repères figuratifs subsistent parmi des effets de mouvement ou le pinceau se fait délicat dans ses couleurs minérales.
Les formes ne sont plus homogènes mais il s’agit d’un autre réalisme.
Le visiteur invité hors des manifestations académiques doit apprendre à interpréter, à lire.
« L'art paisible de Braque est admirable. Il exprime une beauté pleine de tendresse, et la nacre de ses tableaux irise notre entendement. » Apollinaire
Collages.
Il se souvient d’avoir été apprenti peintre en lettres en introduisant des mots dans ses toiles, du sable, des papiers collés.
Laissé pour mort en Artois durant la première guerre mondiale, il reprend vie à Sorgues avec Reverdy et multiplie les tableaux sur le thème de la musique dont il a été un praticien.
Après les natures mortes aux mandolines, des musiciennes apparaissent et la couleur est de retour.
 « Il y a plus d’émotions dans un instrument de musique que dans un visage »
Ses paysages étaient vides de toute figure humaine, ses  Canéphores, charmantes porteuses de corbeilles à Athènes, témoignent d’influences antiques.
« Le peintre pense en forme et en couleur. »

Il revient sur son travail dans des séries : des « Ateliers » sans cesse retouchés ou des « Oiseaux » dont une paire étale ses ailes au plafond du Louvre.
Marchands.
Henry Kahnweiler vendait ses  tableaux avant la première guerre, il le recueille en Limousin pendant la seconde. Chez Léonce Rosenberg en 1919 l’accueil est très favorable. Avec Maeght il entretiendra aussi une relation fructueuse
Voisins.
Quand survient la deuxième guerre, il s’installe en Normandie, son voisin s’appelle Miro ; Queneau et Calder n’habitent pas loin.
Salué par Giacometti au soir de sa mort en 1963, celui qui est appelé à être redécouvert cette année par les visiteurs de Grand palais à Paris a produit une œuvre sans cesse renouvelée et  cependant d’une grande cohérence : « la peinture nue ».
Le patron ne fut jamais seul, Nicolas de Staël l’influença encore et s’en inspira.
Il est frappant que son tableau « La sarcleuse », où il cite Van Gogh et ses ultimes corbeaux s’envolant devant un champ de blé, fut son dernier.

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