samedi 27 avril 2013

Dictionnaire amoureux de Stendhal. Dominique Fernandez.

Lors de la présentation de son livre à l’invitation de la librairie du Square, l’inventeur de l’intitulé : « dictionnaire amoureux » revenait tout juste de la maison du grand père Gagnon ouverte au public depuis si peu de temps, qu’aucune entrée « Grenoble » ne figure dans ce dictionnaire aimable.
La ville a tardé à rendre hommage à l’un de nos écrivains majeurs.
Pas celui qui serait à visiter comme un temple régi par les dogmes, mais en toute liberté à l’image du voyageur spirituel et érudit qu’est Fernandez. Il se garde de tout esprit de sérieux pour mieux célébrer la vivacité de l’objet de son étude, à travers 75 ouvrages lus depuis l’éblouissement du premier « Rouge et noir » à 14 ans.
Un livre d’ « amateur », celui qui aime.
« A force d’être heureux, j’étais devenu un connaisseur »
Stendhal se prêtait bien à la formule dictionnaire fragmenté. A son époque le roman n’avait pas acquis ses lettres de noblesse. Dans sa bibliothèque à côté de Pascal qui trouvait que bien de nos malheurs tenaient au fait de ne pouvoir se tenir dans notre chambre, il y avait Molière.
Absolu : A San Francesco, un chevalier partagé entre deux princesses, l’une possessive, l’autre légère, voit son cénotaphe brodé à son nom, c’est dans une des « chroniques italiennes ».
 La passion est en Italie. L’ironie, la vanité, la distance pour la France.
Académie : Mort sur le trottoir en sortant de chez madame Ancelot qui « faisait les académiciens », il n’avait pas résolu le dilemme entre son irrespect et le désir d’en faire partie. L’académicien Fernandez rappelle les travaux sérieux autour d’un autre dictionnaire dans cette assemblée où Zola, Balzac  avaient attendu à la porte avec leurs 2 ou 3 voix.
Politique : Le jour de la décapitation de Louis XVI fut pour lui un jour heureux, alors que la foule sur la place Grenette pleurait. L’irrespectueux aimait Bonaparte, la flambée des nouvelles idées, il fut admiré de Barrès et des « hussards »  mais aussi de Prévost et de Blum, lui qui de son vivant connut des tirages confidentiels et l’oubli pendant 40 ans après sa mort. Trop poli pour être enrégimenté, s’il aimait le peuple, il ne s’y mêlait pas.
Il aimait les femmes qui chantent, le bel canto, dans ce pays où les cantatrices sont sublimes mais il arrive qu’une dent manquante à leur mâchoire soit à mentionner.
Dans les églises mal éclairées, il est passé à côté du Caravage dont la violence aurait pu lui plaire alors qu’il n’a vu qu’un scélérat. Son admiration pour Raphaël était dans l’air du temps.  Cependant il était tellement sensible que « le syndrome de Stendhal » est entré dans la grille des maladies psychosomatiques, celle «  qui provoque des accélérations du rythme cardiaque, des vertiges, des suffocations voire des hallucinations chez certains individus exposés à une surcharge d’œuvres d’art. » même que c’est marqué dans Wikipédia et que les gardiens des musées de Florence sont formés pour prévenir les crises.
 Alors qu’il a été Julien, Lucien, Fabrice, dans son roman posthume L’Amiel, il se projette dans une fille. Ce roman inachevé a parait-il des beautés des esclaves inachevés de Michel Ange.
Il emprunta 350 hétéronymes, se contredisant afin de ne pas respecter sa propre pensée.
Lui, l’angoissé, le triste, fut léger,  en accord avec Tolstoï qui pensait que les chefs d’œuvres se font sans penser au style.  Il est l’antithèse de Flaubert, le laborieux, qui prend la posture de l’écrivain entré en religion littéraire.  
Celui qui écrivit au-delà des écoles romantique, classique, réaliste apparut dans les gazettes quand il mourut comme consul de Civitavecchia.

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