samedi 1 décembre 2012

Un repas en hiver. Hubert Mingarelli.



Appâté par une critique de Libé qui s’était mis à la hauteur du livre, j’en ai acheté deux et je ne me suis pas trompé.
« Tout à l’heure nous avions traversé un village polonais, triste comme une assiette en fer qu’on n’a jamais lavée. »
Implacables destins de trois soldats allemands et d’un jeune juif qu’ils ont capturé dans la forêt en Pologne.
« Nous avions l’habitude, nous savions ce qui nous attendait, et pourtant le froid nous surprenait toujours. On aurait dit qu’il rentrait par les yeux et se répandait partout. Comme de l’eau gelée qui serait passée par deux trous. »
Pour faire fondre la neige, chauffer une soupe tellement attendue, ils vont brûler les chaises, l’étagère, la porte de la resserre où se blottit leur prisonnier.
Nous entrons avec eux dans cette pauvre maison avant leur retour au camp, et nous en ressortons glacés.
« Pourquoi le lieutenant Graaf avait-il besoin de nous rassembler dehors ? Ne craignait-il pas le froid lui aussi ? Ce qu’il avait à nous dire, nous aurions pu aussi bien l’écouter au chaud, debout devant nos lits de camp. Sans doute ne trouvait-il pas assez solennel de nous parler à l’intérieur du gymnase. Il avait fait suspendre une plaque en fer à un poteau téléphonique, et le bruit qu’elle faisait, lorsqu’il frappait dessus, ce tintement sinistre, nous le haïssions plus que le froid qui nous attendait dehors. Nous n’avions pas le choix, nous obéissions à un ordre, mais il en fallait n’empêche du courage pour sortir par un temps pareil. »
La barbarie, et des éclairs d’humanité dans les gestes élémentaires, fumer, creuser une cuillère,  apercevoir un cristal de neige tricoté sur un bonnet.
Je ne vais pas tout recopier, le livre n’a que 130 pages et l’essentiel est dans chacune d’elle.

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