samedi 24 novembre 2012

Crépuscule. Michael Cunningham.



«La parole humaine est comme un chaudron fêlé où nous battons des mélodies à faire danser les ours, quand on voudrait attendrir les étoiles » 
L’auteur américain joue des variations autour de cette phrase de Flaubert que j’aime ressortir.
J’ai d’autant plus apprécié ce livre que je me suis ennuyé au début dans la frivolité d’un milieu arty newyorkais aux conversations superficielles.
Et je me suis laissé embarquer ensuite pendant 300 pages par les indécisions du personnage que j’ai cru principal,  avec sa décapante lucidité, ses emballements, ses lâchetés, sa recherche sans illusion de la beauté.
Reprendre la quatrième de couverture comme le répercutent tant de sites Internet pourrait laisser croire à une simple accumulation de clichés (la quarantaine fringante).
L’arrivée d’Ethan, surnommé Mizzy, diminutif de « mistake » (erreur),  au milieu d’un couple bobo pourrait ouvrir un dilemme homo conventionnel ; ce jeune gars va  permettre de poser quelques questions essentielles, sans réponse téléphonée.
L’hypocrisie semble bannie entre tous ces gens tellement bien et pourtant, ils se cachent, ont des insomnies, vivent « la mort aux trousses », réfléchissent à la meilleure musique pour leurs funérailles alors que le vin est délicieux, les œuvres si intelligentes, les hommes si beaux.
« Le monde ne s’intéresse pas aux petites silhouettes qui vont et viennent, fantômes qui tremblent et se prosternent, ratissent les sentiers gravillonnés et construisent parfois un jardin de pierres, l’éphèbe de bronze, l’urne martelée destinée à recevoir la neige. »

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