dimanche 6 mai 2012

La mort de Danton. Georg Büchner. Georges Lavaudant.

Une grande pièce, un sujet essentiel, un texte magnifique, des acteurs emballants, une mise en scène grandiose et juste.
Les trois heures ponctuées de scènes allègres, de musique et de chants en direct passent facilement, bien que nous connaissions le destin des protagonistes aux consciences torturées, il fallait cette ampleur.
En 1834, Büchner a 22 ans, il réinvente une histoire qui nous concerne en nous élevant au dessus des accablantes comédies politiques du jour.
Tous ces hommes, pétris de culture antique, impliqués dans les fracas d’un monde à inventer, nous éloignent des petites phrases, des petites stratégies, nous élèvent vers de hautes préoccupations.
Les questions essentielles sont posées quand Danton culbute la grisette jusqu’à l’instant crucial de la mort annoncée mais inenvisageable par le tribun charismatique. Se mesurent alors jusqu’au sublime instant, la solitude et la fraternité, le progrès humain et le néant, le destin.
Après de belles volutes rhétoriques, avant que le couperet ne tombe, c’est le silence.
Lavaudant et sa troupe rejouent chez nous 10 ans après la création de ce monument du théâtre.
Avec conviction, ils répondent aux questions esthétiques posées également par Büchner.
Arbona est Robespierre, Pineau est Danton : parfaits.
« Nous devrions une bonne fois ôter les masques… Mais ne faites pas ces grimaces si vertueuses, si spirituelles, si héroïques, si géniales, nous nous connaissons, épargnez-vous cette peine. » 
Du plaisir et de la matière à penser ; un sommet.
Pas forcément un petit détail : l’intéressant document d’accompagnement distribué à l’entrée participe à une mise en pratique d’un théâtre exigeant et concernant tous les citoyens, c’est remarquable, car ce ne fut pas toujours le cas à la MC2.

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