mercredi 2 décembre 2009

J11 : Hué, le dimanche

Le train a visiblement du retard. Le responsable du service du wagon nous rapporte nos tickets et vient nous avertir de l’arrivée vers 1h30.
Notre contact Djanne (Jeanne ou Jane s’écrit en fait Trang et se prononce Djeanne)se signale avec son panonceau où sont écrits nos noms. Elle nous présente déjà la ville dans un français plus difficile que celui de Manh : Hué est la capitale culturelle du pays. Elle nous amène à l’ « Orchid Hôtel » Chu Van Ann Street. Chambre grand luxe avec ordinateur, mini chaine stéréo, TV écran plat, belle décoration et salle de bains toute neuve, petite attention délicate : des pétales de rose égaient des draps blancs immaculés.
Vite au lit pour poursuivre notre sommeil interrompu jusqu’à 8h30 du matin. Nous déjeunons sur place dans une petite salle : œuf, charcuterie, fruits, yaourts, nems avant d’affronter le soleil et découvrir la ville sans la présence du guide. Nous choisissons de « badalusser » du côté de l’hôtel, le long de la Le Loï, bordée de maisons coloniales françaises. Les deux fondations d’art contemporain signalées par Le Routard, Le Ba Dang art foundation et la fondation d’art contemporain Biem Phung Thi (1Phan Boi Chan) ont leurs portes closes pour cause de repos dominical. Par contre nous entrons librement dans le collège Quoc Hoc, l’une des premières écoles française du pays édifiée en 1896 et qui accueillit en son temps Ho Chi Minh et Giap. Dans un parc ombragé, vers le fond, s’élèvent des bâtiments rouge sombre, certains réservés aux salles de classe, d’autres aux dortoirs, cantine, sanitaires, au sport. Il y a même une piscine. Des équipements sportifs extérieurs manquent d’entretien. Bâtiment scolaire troisième république qui donne l’impression d’un lycée Champollion avec plus de végétation. Quelques jeunes visitent l’endroit et s’y photographient dans « la cour d’honneur » pas loin de la statue d’Ho Chi Minh. La ville de Hué est paisible sous ses arbres, provinciale; c’est dimanche dans l’ancienne colonie. Sur les grandes et larges avenues, la circulation est tranquille, pas de horde de scooters au coude à coude. De plus les feux de signalisations semblent beaucoup mieux respectés qu’à Hanoï.
Jeanne nous récupère à 13h 30 et nous partons en voiture climatisée à la conquête de la citadelle. Nous entrons par la porte du Sud et bien que bâtie à partir de la cité interdite de Pékin, c’est tout à fait particulier. L’ensemble date du début du XIX° siècle et servit jusqu’à 1945 quand Bao Daï abdiqua. Nous passons donc une première enceinte en voiture et nous stoppons devant « le cavalier du roi » sorte de fortification à la Vauban où flotte le drapeau Vietnamien, hissé la première fois lors de la terrible offensive du Têt en 1968. Nous franchissons à pied la deuxième enceinte, par la porte du midi et pénétrons dans la cité impériale : un grand portique allie bronze et émail. Il donne accès à deux grands bassins symétriques, pullulant de carpes rouges avides de nourriture, bien qu’alimentées régulièrement. Nous voyons le palais du trône, le pavillon de lecture, le théâtre royal, le palais de la reine mère, le temple du culte des empereurs N’Guyen, la cité interdite bien endommagée, le bassin royal, les galeries couvertes qui font penser aux cloitres de chez nous. L’UNESCO finance cet ensemble classé au patrimoine mondial qui a subi beaucoup de dégâts pendant les guerres. Il règne encore une impression d’abandon, d’herbes folles, de ruines et de mystères pleins de charmes. Murs et portiques, dragons et décorations sont agrémentés d’incrustations en tessons de porcelaine, qui scintillent au soleil. Le rouge fané des bâtiments, le jaune impérial des tuiles convexes et concaves (Ying et Yang) ou le vert des toits qui abritaient les mandarins, le bois sombre et brillant des galeries, les décorations colorées des portes, les grandes urnes en bronze, la verdure et la végétation ; tout est photogénique. On pense parfois au Facteur Cheval (cf. Le Routard). Lorsque nous sortons après une visite en pleine chaleur mais dans le calme, nous croisons des groupes nombreux qui s’élancent pour la visite. Quel bonheur de se jeter goulument sur l’eau fraîche sortie de la glacière par notre chauffeur ! Il nous dépose à 4 km à la pagode de la dame céleste.Après quelques marches, nous passons devant une tour à sept étages qui symbolisent les sept réincarnations du Bouddha Il y a des statues de cette dame avec un enfant ressemblant à une vierge à l’enfant. C’est alors que nous proviennent les échos de début de la prière des moines, nous nous précipitons, enregistreur au poing. Les moinillons, souvent des orphelins, rasés mais conservant une longue mèche de cheveux, ont du mal à chanter grave et juste, mais n’hésitent pas à donner de la voix même l’on peut avoir l’impression qu’ils « font les andouilles ». Nous admirons le joli jardin de bonzaïs derrière le temple, le stupa, la petite forêt de filaos. Au-delà de l’enceinte nous pouvons apercevoir un immense cimetière.
Nous rentrons en bateau orné de dragons à la proue. Remontant la rivière des parfums, nous passons sous le pont Clémenceau de style Eiffel. Des baigneurs nagent avec des bouées et les enfants s’amusent avec un pneu près de la berge. C’est agréable avec la lumière déclinante de la fin d’après midi, malgré les tentatives vaines de la dame du bateau de nous vendre des souvenirs et de nous mettre en avant sa petite fille à photographier.
Nous rentrons tout doucement à l’hôtel. La dernière sortie à 6h45 nous mène à un restau du Routard, tout à côté de l’hôtel (31 Chu Van Ann) le Ong Tao. Il est un peu difficile à trouver car en étage, De grandes tablées bruyantes mangent sous des néons, au milieu de ventilateurs monstrueux et actifs. Nous trouvons une table libre dans une pièce séparée par des portes coulissantes vitrées derrière lesquelles un groupe d’hommes d’un âge (70, 80 ans) accompagnés de 3 ou 4 femmes, trinquent à la bière ou à l’alcool où trempe un serpent. Nous faisons confiance au jeune serveur et mangeons comme des rois, des nems aux légumes, à la viande, du bœuf roulotté dans des feuilles, des nouilles aux légumes, et du riz, du thé avec œuf et crevettes, arrosé de la bière de Hué : total : 168 000 D (moins de 8€) Nos compagnons s’égaient de plus en plus. Un couple mixte Vietnamien/Française engage la conversation. Après cette révision de l’Asie en ses pagodes et palais, nous prenons plaisir à la douche et à la climatisation.

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